Critique de « Victor » d’Henri Bernstein

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Le théâtre Hébertot accueille actuellement « Victor » l’une des dernières pièces du dramaturge français Henri Bernstein. Un mélodrame psychologique intense et resserré autour de trois personnages interprétés par Grégory Gadebois, Caroline Silhol et Eric Cantona.

Synopsis

Nous sommes en 1950. Victor (Grégory Gadebois) sort de prison. Il a accepté de purger une peine en lieu et place de son ami Marc (Eric Cantona), héros de guerre, désormais homme d’affaires brillant et indélicat, par amour pour Françoise (Caroline Silhol), la femme de Marc. L’amitié virile, le grand amour, l’argent brûlant vont précipiter ce trio charismatique dans une ronde à perdre haleine, magistralement orchestrée par Henri Bernstein au sein de cette France de l’après-guerre vivante et meurtrie.

Critique

victorUn jeu d’acteur hétérogène

Lever de rideau sur Grégory Gadebois, Molière 2014 du meilleur seul en scène pour Des fleurs pour Algernon, interprétant Victor avec toute la candeur qui caractérise ce formidable acteur. Le rôle-titre est le plus complexe de toute la pièce car tiraillé en permanence entre ses sentiments et son besoin intangible de moralité. Et, comme tous les autres protagonistes du récit seront irrémédiablement unis à ce personnage, Gregory Gadebois tiendra à lui seul toute la salle en haleine jusqu’au dénouement final.

Quant à Eric Cantona, c’est la troisième fois qu’il monte sur les planches. Et pourtant, ses réparties peinent encore à se raccrocher avec fluidité à celles des autres acteurs lorsque le conflit augmente en intensité. Par moment, il donne à certaines de ses répliques une couleur un peu trop humoristique alors qu’il faut simplement diminuer la tension dramatique sans changer de registre pour autant.

Une mise en scène perfectible

victor_2Quant à la mise en scène et pour la seconde fois au théâtre, c’est Rachida Brakni qui en a la charge. La profondeur du texte imposait ces décors minimalistes et ce jeu mesuré des acteurs car l’intrigue est suffisamment forte pour surpasser tout le reste. Il est cependant dommage d’effectuer sur scène tous ces changements d’appartements au vu et au su du spectateur car ils cassent le rythme de la pièce et égarent l’attention.

Cette pièce, écrite en 1950, n’est certes pas la plus connue de Bernstein mais elle mérite d’être redécouverte à la fois pour la complexité de son intrigue, la brutalité avec laquelle l’auteur malmène ses personnages mais aussi pour les valeurs humaines si remarquables de Victor.

Théâtre Hébertot. Paris.
Du mardi au samedi à 21h et le dimanche 17h jusqu’au 31 octobre.
http://theatrehebertot.com/accueil

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