Critique Tiger House de Liza Klaussmann

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Tiger house est un drame envoûtant à 5 voix dans l’Amérique d’après guerre. Nick et sa cousine Helena, aussi proches que des sœurs ou des meilleures amies, partagent depuis toujours leurs vacances à Tiger House, la maison familiale sur l’île de Martha’s Vineyard.

Résumé

C’est la fin de la Seconde Guerre Mondiale et elles vont enfin pouvoir rejoindre leurs compagnons respectifs. Helena, veuve d’un premier mariage, part s’installer à Hollywood afin d’épouser Avery, un sombre cinéphile, tandis que Nick doit retrouver le séduisant Hughes dont elle est profondément amoureuse. Elles se font la promesse se de revoir chaque été à Tiger House avec leurs familles. Cependant, divers évènements vont leur faire perdre toute l’insouciance des premiers chapitres.

Nick retrouve son époux revenu de la guerre changé et distant, incapable de quelque acte de tendresse envers elle. Bouleversée par ce changement incongru, elle s’en trouve profondément transformé et met tout en oeuvre pour devenir une parfaite maîtresse de maison en dépit de son comportement, parfois tapageur, mais surtout provocateur. Devenue cynique et acerbe, elle n’hésite pas à blesser Hughes autant qu’elle le peut malgré sa folle attirance pour lui.

Helena quand à elle est prise dans des tourments qui la détruisent et dont elle ne veut pas s’extirper, préférant se mettre des oeillères que d’admettre que les choses ne vont pas, au point de détester sa cousine qu’elle chargera de tous les torts de son existence.

Un sans faute

Nous suivons également les pensées de Hughes, sa fille Daisy (qu’il a eu avec Nick) et Ed, le fils d’Helena et Avery, au cours de différentes époques. Ils partagent les même évènements mais pas les mêmes points de vue, ce qui permet au lecteur de découvrir les différentes dimensions du roman, ne le rendant que plus captivant. Aussi, lorsqu’au cours de l’été 1959, une macabre découverte a lieu, l’apparente  tranquillité des personnages sera mise à mal, soulevant des interrogations, une méfiance, et des sentiments jusque-là enfouis. La chronologie du roman, faisant des allers et retours entre les étés 1945, 1959 (l’été charnière), 1967 et 1969, donne du relief à la narration, ce qui la rend plus intéressante.

On est plus attentif aux détails et aux liens entre les évènements du futur et du passé et on comprend alors à quel point des détails à priori anodins changent littéralement la donne. La psychologie des narrateurs est aussi magnifiquement poussée, toute  en nuance, rien n’étant manichéen ou gratuit. L’ambiance de cette époque est aussi magistralement  retranscrite, aidant le lecteur à se plonger avec encore plus de facilité dans ces étés chauds et moites de la côte est américaine.

Enfin, la montée en tension est parfaitement maîtrisée, rendant l’ambiance parfois malaisante et perturbante, approchant du thriller. La conclusion, quoique choquante, est véritablement subtile et cohérente tant l’intrigue est bien construite. C’est un premier roman bourré de qualités qui saura aisément plaire aux amateurs de littérature américaine. Un sans faute à lire ici sans plus attendre !

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