Le violoniste

Cela pourrait être une histoire vraie. Une histoire comme il s’en est passé des milliers sous la dictature de Staline. Mechtild BORRMANN a choisi d’en faire un roman policier, sous l’angle d’une quête familiale : la recherche du violon du grand père, symbole passé de la gloire d’une famille de musiciens russes.
Mais ce violon n’est pas n’importe lequel. C’est un Stradivarius, objet de toutes les convoitises par excellence.

Résumé

Moscou, 1948. Alors que le célèbre violoniste Ilia Grenko quitte la salle de concert sous un tonnerre d’applaudissements, son Stradivarius à la main, il est arrêté par le KGB, sans comprendre ce qu’on lui reproche. Après des jours de privations, d’humiliations et d’interrogatoires, Ilia signe des aveux absurdes qui le condamnent à vingt ans de goulag. Sa famille est envoyée en exil. Et son violon, d’une valeur inestimable, disparaît à jamais.
Deux générations plus tard, Sacha, le petit-fils d’Ilia, se met en quête du Stradivarius et découvre l’histoire de sa famille, broyée par le régime totalitaire et ses hommes de main, indifférents à toute dignité humaine.

Critique

violoniste-pochePas de titres de symphonies ou de concertos, pas de citation de compositeurs. Les noms qui rythment le livre sont Vorkanta, Alma-Ata ou Karaganda, lieux d’exil, goulags où furent déportés des millions de russes.
Pourtant le violoniste est un roman policier. Je ne m’attendais donc pas à être plongé si profondément dans les mécanismes de la répression stalinienne, dans sa violence aveugle issue de la paranoïa d’un homme et d’un système.
Mechtild BORRMANN a réussi à regrouper ces deux composants. Le violoniste est un polar et un roman historique, où s’entremêlent efficacement intrigues, poursuites et vie quotidienne d’une famille dont les membres ont été séparés, puis expédiés comme travailleurs-bagnards au fond des républiques éloignées de Moscou.
En permanence, le lecteur bascule de l’un à l’autre, ainsi qu’entre deux époques dans l’Union Soviétique – Russie d’après guerre et la nouvelle Allemagne réunifiée. Mais au final, c’est pour constater que peu de choses ont changé. Les fondements du pouvoir sont identiques, les mêmes hommes – ou leurs descendances – occupent des postes similaires. Des patronymes se sont perdus ou ont été rayés, des titres se sont modifiés. Mais l’échiquier de départ est toujours là, et tenter de comprendre comment les pions ont bougé en quarante ans remet en cause trop de situations.

Ce récit habile autour de la véritable prise de contrôle de ce violon, symbole du pouvoir, de l’argent et témoin d’une histoire sordide enfouie au plus profond est bien mené. Même si quelques personnages secondaires mériteraient un peu plus de consistance et si quelques ficelles un peu faciles existent (encore un super héros informaticien !), Le violoniste mérite grandement d’être lu. Quand on le commence, on ne s’en détache pas, jusqu’à la dernière portée. Et l’on se rappelle qu’aux échecs, les russes possèdent souvent plus d’un coup d’avance.

LE VIOLONISTE
Mechtild BORRMANN
Le Livre de poche – 2016

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