Montgomery Clift, l’enfer du décor de Sébastien Monod

Pourquoi éprouve-t’on une étrange fascination devant les destins brisés des étoiles filantes qui nous ont fait rêver avant de disparaître prématurément?

Serait-ce une sorte de frustration face à un immense talent qui n’a pas eu le temps de tout exprimer?

Est-ce parce que nous garderons-nous à tout jamais l’image préservée d’une star figée dans une jeunesse éternelle?

Serait-ce tout simplement de la compassion?

Montgomery Clift, dit “Monty”est assurément l’un des artistes les plus emblématiques et les plus tragiques pour illustrer le sujet.

Il a été l’un des acteurs les plus talentueux et les plus représentatifs du cinéma hollywoodien des années 50 et 60. Beau, il l’était incroyablement, mais il a aussi apporté une nouvelle façon de jouer, grâce notamment à un regard d’une incroyable intensité, et à un jeu tout en finesse et en retenue, donnant tout leur sens à ses personnages.

Clift était un perfectionniste, exigeant sur son jeu et celui de ses partenaires, retouchant lui-même des scénarios et des dialogues qui ne lui plaisaient pas.

Il serait d’ailleurs plus juste de dire que Clift n’a pas interprété des personnages, mais qu’il a été ces personnages, car ils ont en général un point commun avec l’acteur: tragiques, malheureux, solitaires, révoltés, trahis… ce qui le rend tellement crédible dans ses interprétations.

Car Montgomery Clift aura été toute sa vie mal dans sa peau. Soumis dans son enfance aux exigences d’une mère ambitieuse et autoritaire, souffrant de l’absence d’un père obligé de courir les route afin d’assurer le train de vie de son épouse et de sa famille, Clift est homosexuel dans l’Amérique puritaine et Maccartyste d’après-guerre, autrement dit, obligé de se cacher et de donner le change dans un milieu hollywoodien où un jeune premier est obligatoirement un séducteur de jolies filles.

Son ascension sera fulgurante, sa chute sera une lente et terrible descente aux enfers sous les effets de l’alcool, des médicaments et de la drogue, ce qui fera dire que « Sa mort a été appelée le plus long suicide de l’histoire ».

Pas toujours bien entouré ni bien conseillé, il aura toutefois pu conter sur des amitiés dures comme le roc, comme celle d’Elisabeth Taylor, la plus belle et la plus fidèle, ou encore celle de son rival Marlon Brando qui, sans succès, tenta de le soustraire à ses démons lors du tournage du Bal des Maudits.

Le livre de Sébastien Monod ne se contente pas d’égrener des faits et des dates. Bien sûr, les faits biographiques y sont détaillés, en appui sur de solides documentations, mais en dehors des événements qui ont marqué la vie de Montgomery Clift, on suit également sa filmographie, oeuvre après oeuvre, avec la genèse de chaque film, les protagonistes, et leurs rapports chaleureux ou conflictuels, les difficultés rencontrées sur le tournage, qui permettent finalement de mieux appréhender la personnalité de l’acteur, la qualité de son jeu, et la tragédie que fut son existence.

Le travail exhaustif de Sébastien Monod ne laisse rien de côté,  puisque par exemple, on y trouve un paragraphe sur les films que Monty n’a pas tourné, pour différentes raisons qu’il est particulièrement intéressant de connaitre.

La spirale funeste dans laquelle Montgomery Clift s’est laissé dériver s’est achevée le 23 juillet 1966, à l’âge de 45 ans.

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