Murmures des Murs, une pièce étrangement intéressante !

Murmures de Murs

Je vous préviens immédiatement, si vous n’avez pas encore vu la pièce de théâtre Murmures des Murs, ne lisez pas cet article ! Pourquoi ? Car je suis persuadé que moins vous en saurez sur cette oeuvre, plus vous l’apprécierez, plus vous resterez dans l’interrogation, et mieux la mécanique onirique fonctionnera !

Je m’y suis rendu sans lire le “pitch”, sans regarder de vidéo teaser. Et le charme de cette pièce concoctée par Victoria Thierrée-Chaplin a opéré, avec sa fille Aurélia Thierrée dans le rôle principal.

Étrange et élégante

Pour les curieux, je vous dévoile quand même le sujet de cette pièce de théâtre visuel.

Une jeune femme (Aurélia Thierrée) est sommée par un homme de chantier et son compère de quitter son logement. Malgré ses cartons presques terminés, elle refuse de signer le document d’expropriation et se met à fuir ! Sa fuite l’entraîne dans les appartements voisins de cet immeuble déserté et voué à la destruction. Passant par fenêtres, cheminées et portes dérobées, elle est projetée dans ce qui semble être les histoires passées de ce vieil immeuble…

Mais au fait, kézako le “théâtre visuel” ? Comme son nom l’indique, ce théâtre repose sur les décors et les actions des personnages avant tout, réduisant les dialogues au stricte nécessaire, voire les interdisant totalement. Murmures des Murs laisse parfois un peu de place à quelques phrases donnant du contexte aux actions des comédiens. De fait, l’ensemble semble parfois étrange, laissant une place énorme à l’imagination du spectateur sur l’interprétation d’une scène.

Murmures de Murs

Qui dit “fuite” ne dit pas course effrénée dans les décors. Au contraire ! La pièce de Victoria Thierrée-Chaplin prend le temps de composer de nombreux et riches tableaux dans lesquels les décors sont vivants et flexibles. La comédienne joue avec une chaise par-ci, avec une porte par-là, ou encore avec un mannequin ! Le tout avec une véritable élégance à mi-chemin entre la danse et le mime.

Au cours de ses aventures, Aurélia Thierrée fait la rencontre de nouveaux personnages oniriques dont on doute parfois de “l’humanité” ! Sont-ils morts ? Sont-ils vivants ? Sont-ils enfermés dans les Murs ? L’homme de chantier ainsi que celui qui ressemble au propriétaire sont eux aussi projetés dans ces brides de semi-vies et se retrouvent complètement désarçonnés alors même que la jeune femme semble elle plutôt à l’aise dans cet univers presque parallèle.

Des Murs bien vivants !

Murmures de MursAlors que je commence à me poser des questions sur la santé mentale de la jeune femme (pour rappel, je n’avais pas lu le pitch avant de voir la pièce !) et sur l’origine des différents personnages, je n’ai pourtant aucun doute sur le fait que cet immeuble est bien vivant. Les structures changent, bougent, et forcent la mise en oeuvre de nouvelles scènes.

J’ai souvent été bluffé par des décors simples d’aspect mais pourtant très complexes dans leurs usages. La pièce est d’une formidable richesse inventive ponctuée de trouvailles toutes aussi originales les unes que les autres. Dans le best-of des meilleures séquences, je mets volontiers la scène “la noyade” ainsi que la “danse sur la table lumineuse”. Deux styles totalement opposés mais qui représentent bien, à mon humble avis, la diversité visuelle et technique de Murmures des Murs.

Tout ne repose bien sûr pas sur les décors. Les chorégraphies (signées Victoria Thierrée-Chaplin et Armando Santin) sont toutes aussi géniales. Alors que la pièce démarre comme du théâtre classique, elle change et évolue pour même proposer de la danse contemporaine, du mime, du comique absurde et de situation. L’héritage de Charlie Chaplin se fait parfois sentir dans des séquences comiques clownesques. Le tout, sans en faire des tonnes.

Telle la croyance attribuée à l’Homme, cet immeuble semble lui aussi voir sa vie défiler devant ses yeux avant de s’évanouir en un tas de gravats…

Murmures des Murs : un très beau spectacle

Murmures de MursPrésenté à Paris pour 6 représentations exceptionnelles en 2018 (Mardi 30 Janvier – Samedi 3 Février à 20h30 et Samedi 3 Février à 15h) au Théâtre Le 13ème Art, c’est une pièce que l’on verrait bien tourner en France et dans le Monde : les thématiques abordées sont universelles et l’absence de dialogues brise les frontières.

Infos et résa : Théâtre Le 13ème Art

 

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