Supergirl: Woman of Tomorrow 

Dès ses premiers pas dans l’univers intergalactique, Supergirl: Woman of Tomorrow surprend. Loin de l’adolescente naïve souvent associée à son cousin Superman / Kal-El , Tom King et Bilquis Evely offrent ici une Supergirl en pleine déconstruction (et dépression ?) : fragile, blessée, solitaire, mais terriblement vivante.

Le pitch

Kara Zor-El a vécu bien des aventures épiques mais elle cherche aujourd’hui un sens à son existence. Témoin de la destruction de sa planète, elle fut envoyée sur Terre avec pour mission de protéger un petit cousin qui finira par ne plus avoir besoin d’elle. A quoi tout cela a-t-il servi ? Où qu’elle aille, l’ombre de Superman semble la suivre jusqu’à la faire douter de sa propre légitimité. Perdue dans ses questionnements existentiels, Kara taquine la bouteille le soir de son 21e anniversaire lorsque sa trajectoire percute celle de Ruthye, jeune extraterrestre en quête de vengeance…

Le récit démarre comme un western spatial – une quête vengeresse à la True Grit portée par une jeune fille nommée Ruthye – mais révèle vite son ambition : interroger le traumatisme, la responsabilité, les dilemmes moraux, un peu comme le récent Superman de James Gunn au cinéma en fait ! Kara y affronte la mort de sa planète, le surpoids de ses pouvoirs, et une culpabilité insidieuse qui la rend à la fois humaine et héroïque. La mise en voix de Ruthye, narratrice implicite, double la perception de Kara : celle-ci se voit à travers son regard, vulnérable et admirable. Tom King propose une méditation poétique et douloureuse, parfois lyrique, sur la perte et l’espoir.

Kara Zor-El est traitée comme un personnage à part entière, avec SA personnalité. Loin d’être Superman au féminin, elle porte la douleur d’un monde détruit, se débat avec sa propre humanité, et trouve dans ses choix des marques de sa force. Ruthye, elle, n’est pas qu’un McGuffin dramatique : elle grandit, elle change, et sa relation avec Kara est le catalyseur des deux trajectoires et évolutions des personnages et des leurs tensions entre justice et vengeance.

Une narration visuelle agréable

Le dessin de Bilquis Evely, colorisé par Matheus Lopes, est riche. On s’y perd pour mieux s’y retrouver. La puissance émotionnelle visuelle surpasse parfois les mots — un exploit rare dans le format comic.

Attention, tout n’est pas parfait ! Malgré ses nombreuses qualités, Supergirl: Woman of Tomorrow n’échappe pas à certaines réserves. La première partie du récit, notamment, est laborieuse : trop explicative, elle repose sur une narration intérieure dense, entrecoupée de digressions qui ralentissent le rythme et freinent l’immersion. On a le sentiment que la moitié de l’oeuvre, voir plus, est consacré à une lente exposition… c’est trop long !

Par ailleurs, si le duo central que forment Kara et Ruthye bénéficie d’un développement solide et nuancé, les personnages secondaires apparaissent plus en retrait. Plusieurs figures restent à peine esquissées, voire sous-exploitées, à l’image de Krem, dont l’introduction promettait davantage mais qui disparaît parfois sans raison narrative claire.

Supergirl: Woman of Tomorrow est une réussite audacieuse dans l’univers des super-héroïnes : un récit sensible, puissant, où la quête identitaire trouve sa vérité dans la résilience et le sacrifice. La narration est introspective, et le regard qu’on porte enfin sur Kara est renouvelé. Oui, le tempo peut faiblir, et certains personnages perdent en épaisseur, mais la force émotionnelle du duo central compense les défauts. Supergirl: Woman of Tomorrow n’est pas parfait, mais il réinvente l’idée de l’héroïne – résistante, imparfaite, inoubliable.

Je suis très curieux de voir comment cette histoire, à la fois intime et cosmique, sera traduite au cinéma. Le film Supergirl (26 juin 2026), dans la continuité thématique du Superman de James Gunn, promet d’adapter cet univers brisé et fouillé avec un ton plus « rock & roll », et une structure ne trois actes, tout en restant fidèle à la version comic. Avec Milly Alcock (géniale dans la première saison d’House of the dragon) dans le rôle de Kara, on attend une incarnation crue et libre, mais surtout encore plus humaine.

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