240.000 billets vendus pour 4 jours de festival cela fait 60.000 festivaliers par jour, et c’est énorme. Comme tous les ans depuis bien longtemps désormais, le Hellfest s’ouvre à guichets fermés. Je fais partie des ultra-chanceux qui peuvent se vanter d’avoir obtenu le précieux ticket, et en plus de n’avoir raté aucune édition depuis 2014.
Ce Hellfest 2024 avait donc une saveur particulière 10 ans après avoir foulé les terres clissonnaise pour la première fois. Et même après 8 festivals en série, l’organisation Hellfest Productions parvient à me surprendre (plus en bon et qu’en mauvais, je vous rassure).
Les nouveautés du site
Je démarre par un coup de gueule envers tout ceux qui dénoncent un “Disneyland du Metal” : premièrement Disneyland c’est super cool, deuxièmement, à l’exception de la Grande Roue, je ne vois rien qui fasse particulièrement Parc d’attraction au Hellfest ! La renommée du Hellfest c’est son ambiance et ses décors. Et c’est avant tout de l’Art : des associations, des artisans, et des artistes qui conçoivent un univers à part entière. Il n’y a rien de “cheap” sur le site. Le Camden du Hellcity Square est phénoménal. L’ambiance prison de la Warzone donne un cachet sans prix aux concerts de punk et hardcore. La porte du Kingdom du Muscadet est une institution… Faites donc un tour au Download Paris dans la boue de la base aérienne 117 sans aucun décor, des tentes blanches à n’en plus finir et seulement quelques avions posés ci et là.
Non, le Hellfest n’est pas un Disneyland car cela n’a rien à voir. Je préfère le voir comme un projet artistique gigantesque et pérenne (de nombreux décors ne se démontent pas).
J’en profite pour écrire le traditionnel remerciement à l’ensemble du staff du Hellfest qui fait un boulot génial pour faire du week-end une expérience à part entière : les techniciens, les jardiniers (ya du taf !), les bénévoles, l’organisation (sauf celui qui à oublier d’envoyer la vidéo de clôture dimanche soir :P), la sécurité, les Challengers,… et j’en oublie !
La Gardienne des Ténèbres
La très grande – littéralement – nouveauté sur le site du Hellfest est l’apparition de la Gardienne des Ténèbres. Partie intégrale d’un projet de longue haleine visant à vitaliser l’entrée du Hellfest tout au long de l’année, cette grande sculpture articulée de femme-araignée-scorpion a pris place à l’entrée du Kingdom of Muscadet.
La Gardienne des Ténèbres n’a rien à envier à l’Eléphant présent à Nantes et réalisé par le même groupe : Les Machines de l’Île de Nantes (donc je recommande chaudement la visite). Tout au long de la journée et de la nuit, les festivaliers se sont présentés devant leur nouvelle Gardienne avec une attitude proche de la dévotion.
Il faut dire que ce projet titanesque en impose : une dizaine de mètres de haut, un poids total de 35 tonnes, un nombre monstrueux de vérins hydrauliques, et tout autant d’autres mécanismes permettant à la sculpture de prendre vie. Tous les soirs dès 22h, une équipe composée d’au moins 18 personnes participe au pilotage de l’ensemble ressemblant à un boss du jeu vidéo Diablo. En observant de plus prêt, je me rends compte de la complexité de l’ensemble. Chacune des 18 à 20 personnes est responsable du mouvement d’une partie du corps ! Une personne par pate, un opérateur à l’avant, et même un opérateur perché sur son dos pour activer le haut du corps…
C’est à voir. Vivement que le projet soit terminé car a priori le projet n’est pas encore totalement terminé !
Nouveaux stands de Merchandising, format unique de Pinte
En vrac, voici d’autres nouveautés identifiées lors de mes longues déambulations sur le site. J’en ai certainement raté quelques unes.
Le véritable bon point de ce cru 2024 est le fait d’avoir rapproché le merch des artistes à l’entrée du site en deux zones distinctes : le merch des têtes d’affiches à gauche de la cathédrale, et le merch des autres artistes à droite. Il était franchement isolé à côté de la mainstage 1, et désormais il est plus facile de circuler et aller choisir son t-shirt.
Quitte à glisser un commentaire sur le site : la nouvelle Valley mérite une rangée d’urinoirs au fond pour éviter que l’évidence se produise : du pipi partout sur les murs dès l’après-midi… Un point d’eau au fond ne serait pas un luxe non plus car la zone est très enclavée.
Par contre, la fausse bonne idée de l’année est d’avoir supprimé le format “demi” des bars… La Hellfest 2024 n’aura servit que des pintes, même pour du jus de fruit ! Ok, on peut toujours s’organiser pour partager un verre, mais je reste sceptique. Oui, un smoothie de 45cl c’est bon pour la santé, mais c’est quand même un peu gros.
L’autre nouveauté du côté des bar est la disparition de la Kro au profit de Carlsberg (c’est meilleur et de toute façon c’est le même groupe…). J’ai aussi vu circuler plusieurs vélos à cidre : ce format mobile permet surement de désengorger quelques bars et de proposer une alternative à la bière omniprésente grâce aux “déssoiffeurs” qui eux, sont toujours biens présents et toujours aussi sympas !
Les principales déceptions : le Hellfest c’est aussi quelques ratés !
Personnellement, j’ai trouvé que le show de Avenged Sevenfold le jeudi soir était très froid et distant. Musicalement c’était hyper intéressant et en rupture avec le concert plein de flammes et de testostérone d’il y a quelques temps. Les titres étaient souvent réorchestrés et tirant vers du metal prog quasi systématiquement. Cependant, les américains déroulent un set surproduit qui manque un peu de profondeur. J’attendais autre chose, d’où ma déception qui ne sera pas partagée par tous.
En revanche, s’il y a bien un groupe qui aura fédéré les avis négatif c’est Metallica. A l’exception des fans hardcore, les nombreux avis recueillis sur le site le lendemain font état d’un show bien décevant par rapport à la prestation de 2022 (D’autres groupes ont bien sûr assuré le samedi !). Il faut dire qu’un album très moyen est arrivé entre temps et remplis le temps de 4 chansons. Et encore, heureusement que l’album Hardwired… to Self-Destruct a été mis de côté pour ce concert !
Pourquoi Metallica est-il passé à côté ? Plusieurs choses à dire ici. Les titres ont tiré en longueur sur des solos peu intéressants ou des prolongations sans génie. Sur certaines chansons, d’étranges introductions à la limite de l’électronique étaient présentes. Et bien sûr, la France a eu le droit au massacre de L’Aventurier par Indochine repris par Metallica. Et encore, le groupe a juste envoyé au casse-pipe le pauvre Robert Trujillo à l’avant de la scène pour interprété ce qui aura été présenté comme une “surprise” par James Hetfield quelques minutes au préalable. On s’en serait clairement bien passé !
Avant de parler des bons points de l’édition 2024 du Hellfest, il faut distribuer quelques baffes à l’organisation (avec le dos de la main, en retirant les bagues, mais des baffes quand même !). Je ne peux pas ne pas parler du dimanche soir 23h45, alors que des milliers de fans restent 15 minutes devant les mainstage pour deux évènements supposés se passer : un feu d’artifice et une annonce pour 2025.
Malheureusement pour tous, il n’y aura pas de feu d’artifice (à la limite ce n’est pas très grave), mais surtout, les écrans ne balancent qu’un sobre texte avec une animation naze, et avec une date pour 2025 et une adresse web pour acheter des places dès juillet… J’ai vécu cela comme un manque de tact et surtout un écart important à l’ambiance et l’univers Hellfest (et ne suis pas le seul à lire quelques commentaires). Il y a toujours eu une petite annonce sympa, précédée ou non d’une courte vidéo débrief de l’édition. Bref, une sorte de clôture permettant de saluer les festivaliers, les organisateurs, les bénévoles, les mécènes, les artistes…
Les bonnes surprises du Hellfest 2024
Ouvrir la cathédrale en avance était surement la meilleure bonne idée du monde pour limiter la foule dans le Hellsquare. Il me semble que le site a ouvert dès 12H, en tout cas à 13H il y avait déjà du mouvement. Ce qui m’a permis d’aller rapidement faire la queue au Sanctuary pour acheter mes goodies Hellfest sans trop attendre. Après 1 heure de queue j’obtiens mon précieux t-shirt blanc (le seul, l’unique !) et un magnifique porte-clé. La queue ne désemplira pas du week-end.
Du côté des concerts, c’est The Offspring qui me ravis ! Alors que j’avais largement jeté l’éponge il y a quelques années pendant un concert durant lequel Noodles chantait faux, et le groupe se prenait pour Jésus (à multiplier les pains…), je suis surpris très positivement par un show millimétré, débilement drôle. Un véritable plaisir coupable presque équivalent à un sandwich raclette végétarien !
L’autre excellente surprise est la prestation de Shaka Ponk pour sa tournée d’adieu. Affiche incongrue pour le Hellfest, Shaka Ponk balance un gros son très dynamique. Incongru mais finalement pas tant que cela : le lycéen de Shaka Ponk est aussi la cible du festivalier du Hellfest en termes d’âges ! Et cela fait plaisir de voir une frontwomen française sur scène 🙂
Un festival qui se féminise dans le public en passant de 3% en 2006 à 30% en 2022 de femmes, et cela se voit. Sur scène aussi on retrouve un peu plus de groupes 100% Femme ou bien avec un membre féminin. Ce n’est pas encore beaucoup, en particulier insuffisant sur les têtes d’affiches : il faut descendre jusque Shaka Ponk. On ne le dira jamais assez : More Women on Stage ! Bien sûr, il faut laisser le temps au temps car historiquement les anciens et gros groupes sont masculins. Heureusement que la relève s’avère bien présente : j’en parle juste derrière avec Ankor, Scowl, Lovebites par exemple.
Les grands plaisirs
Dans le désordre, voici les quelques concerts mémorables qui traversent les genres et les scènes.
Scowl : mené par une Kat Moss à 200%, le jeune groupe (2019) démontre que le Hardcore punk is not dead. Une énergie comme pas possible sur une Warzone qui se déchaine. Le concert est court, beaucoup trop court alors que les titres s’enchaînent et ne se ressemblent pas (improbable pour du punk hardcore).
Foo Fighters : inutile de présenter les Foo. Il s’agit de la véritable grosse tête d’affiche décrochée par Hellfest Productions. Alors que le groupe semblait proche de la fin suite à la mort de Taylor Hawkins en 2022, le rebond aura été heureusement très rapide. Un gros concert qui lui aussi se termine un peu tôt, et aurait pu gratter encore 10 à 15 minutes pour viser le minuit dimanche soir. Mais quel bonheur de chanter à tue-tête les plus grands classiques des Foo Fighters, pour terminer sur Everlong.
Mr. Bungle : dans un tout autre registre, je découvre sur le Hellfest ce groupe pourtant ancien du trublion Mike Patton (Fantomas, Faith No More, Dead Cross, Tomahawk…). Car il est clairement établit que Mike Patton adore casser… l’ordre établit ! Mr. Bungle est (en live) un supergroupe de thrash complètement déjanté. Autour de lui on retrouve Trey Spruance, Trevor Dunn (Tomahawk), David Lombardo (ex-Slayer), et Scott Ian (Anthrax), donc du lourd. Moi qui n’avais jamais écouté ce groupe, j’ai pris non pas une baffe mais vécu une déflagration. Entre les sorties fucked-up de Mike Patton et les covers parfaites de Slayer et Sepultura, j’étais au anges.
Satyricon : sous la tente du Temple c’est l’heure d’une messe un peu spéciale avec Satyr et Frost venus tout droit de Norvège. Les K.I.N.G. du black metal ont une heure pour taper dans un maximum de leurs grands classiques. Quel plaisir de chanter avec Satyr sur Mother North, Black Crow on a Tombstone, Deep Calleth Upon Deep ou encore The Pentagram Burns.
Ankor : au registre des découvertes, les espagnols de Ankor font bonne figure. Pourtant existant depuis 2003 (ils ont alors 14 ans) et plusieurs changements de line-up, le groupe démontre que le Metalcore est l’arme moderne pour conquérir les hordes sauvages du Hellfest. La frontwoman Jessie Williams fait un super job.
LOVEBITES : à contre courant des clichés de groupes de power metal mené par de gros barbus metalleux vêtus de noir, Haruna, Midori, Miyako, Asami et Fami sont 5 femmes en robes blanches qui en veulent ! Loin de l’idolâtrie gênante autour du kawaii metal de BABYMETAL, LOVEBITES joue son power metal sans complexes.
Machine Head : j’ai honte de l’écrire mais j’ai raté Machine Head… Du coup, je me suis fait une séance de rattrapage seul chez moi grâce à Arte Concert ! Et je ne cache pas avoir le sentiment d’être passé à côté de quelque chose de spécial. Si vous n’avez pas pu assister, ou même si vous êtes curieux, foncez (re)vivre le concert en streaming.
Vivement le Hellfest 2025 et ses têtes d’affiches surement surprenantes !
Les dates sont annoncées rapidement et discrètement via l’application Hellfest : c’est le traditionnel week-end de la fête de la musique qui revient. Comme je l’évoquais précédemment, aucune charte graphique n’a été annoncée.
C’est l’heure des paris sur les prochaines têtes d’affiches du Hellfest 2025 ! Voici quelques noms avec toujours une bonne raison ! Et au passage, nous avions annoncé 5 noms l’année dernière, et deux étaient présents : Avenged Sevenfold et Foo Fighters.
Je retente donc l’expérience avec 5 groupes car nous avons 4 jours donc 4 têtes d’affiches et que cela me donne une cartouche de plus 🙂
De la bouche même des organisateurs, ils accueilleraient avec plaisir MUSE en tête d’affiche du Hellfest. Il faut dire que nombreux sont les titres sauvagement dynamiques pour le trio anglais.
NIGHTWISH au Hellfest 2025 ? Cela permettrait de remettre les femmes en haut de l’affiche, de célébrer 29 ans de carrière, et surtout de positionner une superbe date pour une tournée suite à la sortie du single Perfume Of The Timeless le 21 mai 2024, extrait du nouvel album Yesterwynde (20 septembre 2024).
A force de réclamer BON JOVI, il viendra peut-être à Clisson ? D’autant plus que lui aussi a un nouvel album à défendre du scène. Et je ne cache pas mon impatience à chanter de tout cœur avec 60.000 personnes You Give Love a Bad Name et Livin’ on a Prayer. Une icône Hard / Glam qui manque cruellement au Hellfest.
Faith No More avait du annuler sa venue il y a quelques années du fait de problèmes de santé de Mike Patton. Le patron aux multiples facettes a bien montré qu’il pétait la forme sur Mr. Bungle cette année. Une excellente raison de programmer FNM en tête d’affiche au Hellfest 2025 !
Le dernier pari se doit d’être plus Metal que jamais, à l’image de cette année avec Machine Head. Et en même temps assez jeune. Soyons fous, allons donc sur FIVE FINGER DEATH PUNCH. Les 5FDP ont surement encore des choses à raconter depuis leur dernier passage.
Mon collègue me souffle à l’oreille que POWERWOLF serait vachement bien aussi, oui, certes. ULTRA VOMIT aussi mais pas en tête d’affiche fédératrice.
Et vous ? Quels pronos ?
