Vive l’océan est un recueil de 4 livres:
. Deux étés
. L’entreprise des Indes
Et avec Isabelle Autissier:
. Salut au Grand Sud
. Passer par le Nord
Quand Erik Orsenna troque l’habit vert pour le ciré jaune, l’écrivain se fait navigateur, à moins que ce ne soit l’inverse, mais laissons-lui plutôt la parole puisqu’il nous livre lui-même la clé dans sa préface: “Plus j’avance en âge, plus la ressemblance me semble totale entre écrire et naviguer. Hisser la voile, c’est préparer sa page blanche. Le silence se referme sur les mots comme la mer sur un sillage”
Deux étés
Le premier opus, Deux étés, raconte l’impossible traduction du chef d’oeuvre de Vladimir Nabokov, Ada ou l’ardeur, par un jeune traducteur installé sur l’île de Bréhat, et qui se retrouve face une muraille infranchissable devant la difficulté d’un tel travail. Fort heureusement, une belle solidarité va se forger, et les îliens vont faire bloc pour l’aider à mener son projet à bien.
Erik Orsenna nous présente l’affaire comme une histoire vraie. Peut-on d’ailleurs inventer de telles aventures, tant elles sont proches de la légende?
L’aventure est joyeuse, mais l’esprit est ailleurs. En expert de la chose, notre auteur nous transmet son vécu sur ces étranges territoires qui ne sont plus tout à fait la terre ferme, et presque déjà le grand large, à savoir les îles. Cela sent l’iode et les embruns, le sel et la lande, mais surtout la chaleur, la générosité et la belle solidarité des îliens embarqués pour le meilleur sur un navire immobile.
On se joint ce bel équipage avec jubilation, tant le récit est joyeux, et puis le style de notre académicien est une pépite, alors laissons nous bercer, puisque comme le dit le titre d’un autre de ses livres: “La grammaire est une chanson douce”
L’Entreprise des Indes
Changement de registre avec le second ouvrage, L’Entreprise des Indes. Cette fois, Erik Orsenna se glisse dans la peau de Bartolomé Colomb qui retrace les huit années passées à Lisbonne, en compagnie de son frère Christophe, à préparer, en tant que cartographes, cette traversée vers l’Ouest qui allait bouleverser notre connaissance du monde.
Bartolomé arrive au terme de son existence, il se souvient… et nous plonge en immersion totale dans la Lisbonne de la seconde moitié du XVème siècle, une ville tout entière tournée vers le large, dévorée par la soif de nouvelles découvertes, obsédée par ces cartes marines encore couvertes de zones inconnues. Et voici Christophe Colomb, navigateur exceptionnel à l’énergie farouche, totalement obsédé par son projet d’ouvrir une nouvelle route vers les Indes, et qui mourra sans savoir qu’il a découvert un nouveau continent.
Bartolomé se souvient aussi avec remords des traitements horribles infligés aux amérindiens, dont les dominicains Antonio Montesinos et Bartolomé de las Casas défendront courageusement la cause.
L’Entreprise des Indes est à la fois un livre d”Histoire avec un grand H, et d’aventure, une de celles qui emmènent les hommes à la conquête du monde.
Salut du Grand Sud
Pour le troisième livre, Salut au Grand Sud, nous embarquons à bord d’Ada, le voilier d’Isabelle Autissier, excusez du peu!
Destination: l’Antarctique, le grand continent blanc, ses mers furieuses, ses pièges mortels et ses explorateurs héroïques dont plusieurs ne sont jamais revenus. Quel est donc cet étrange moteur qui pousse les hommes à affronter les plus grands périls pour découvrir des terres totalement inhospitalières? Quels sont les ressorts dont l’homme dispose pour survivre quand tout semble perdu?
Salut au Grand Sud nous fait vivre ces navigations périlleuses au milieu des glaces, des courants, des tempêtes et des angoisses anciennes ou vécues par les auteurs eux-mêmes.
Le navigateur-écrivain se fait modeste, face à la puissance des éléments, mais sa plume reste vive et toujours enjouée, bien secondée par celle d’Isabelle Autissier, aussi adroite à l’écriture qu’à la barre de son bateau.
Passer par le Nord
Nous abordons le dernier volet: Passer par le Nord
Nous mettons cette fois le cap vers le grand Nord, à la découverte de ces territoires immenses et glacés.
L’Arctique y est passé au crible: nous allons tout apprendre des courants, des vents, de la faune, de la (modeste) flore, de l’histoire de ces territoires de glace, des hommes qui y vivent ou y ont vécu, et de cette incroyable obstination des navigateurs intrépides qui ont décidé coûte que coûte d’explorer ces territoires inconnus, quitte à y laisser leur vie, et qui, pour la postérité, verront leur nom associé à une île, à une mer, à un récit héroïque…
Depuis les hommes préhistoriques franchissant à pied le détroit de Béring jusqu’aux militaires américains ou russes s’observant en chiens de faïence pendant la guerre froide, depuis les trappeurs chassant les animaux à fourrure qui feront leur fortune jusqu’aux prospecteurs avides des richesses du sous-sol, l’homme a toujours cherché à s’approprier ces territoires.
Mais voici le réchauffement climatique. Chaque année, inexorablement, la glace recule.
Petit à petit, l’appétit des hommes, et les intérêts économiques laissent entrevoir la possibilité d’exploiter la voie maritime du Grand Nord, avec son cortège de brises-glace, de tankers, d’installations portuaires gigantesques, avec tous les risques que cela comporte.
Les richesses du sous-sol attisent également les appétits les plus voraces.
Le tout au beau milieu d’un écosystème extrêmement fragile et terriblement menacé.
Le récit soudain fait froid dans le dos, le constat est terrible, et l’issue semble malheureusement inéluctable, mais avons-nous vraiment conscience de toutes les conséquences probables de cette catastrophe annoncée qui, par l’effet papillon, aura fatalement des répercussions partout dans le monde?
C’est sur cette conclusion très sombre que nous allons refermer notre livre (disponible ici).