La peur, au Théâtre Michel

Au commencement était La peur, une nouvelle de l’écrivain autrichien Stefan Zweig. Publiée au début du siècle dernier, ce drame psychologique est aujourd’hui à l’affiche du théâtre Michel, dans une adaptation imaginée et mise en scène par Elodie Menant. Dans ce quasi huis-clos, trois comédiens donnent aux personnages qu’ils incarnent, un visage aussi effrayé que tourmenté, et renvoient aux spectateurs la somme de toutes ces peurs.

Construite comme un roman à suspense, la pièce se déroule au rythme haletant des angoisses d’Irène, jeune femme adultère traquée par l’étrange compagne de son amant. Manipulation ? Hallucination ? Comment échapper à cette tourmente sans fin ? On assiste au vacillement d’un couple qui ne se comprend plus… jusqu’au dénouement, véritable coup de théâtre.

La peur au théâtre est une proposition naturellement intéressante, tant l’atmosphère y est oppressante et la souffrance exacerbée. Et sur la scène, Elodie Menant avance avec la précision d’un joueur d’échecs, tous les personnages au rythme de leurs tortures psychologiques. capture-decran-2016-12-13-a-17-07-49Hélène Degy interprète le rôle principal d’Irène, Aliocha Itovich et Ophélie Marsaud jouent respectivement le mari d’Irène et la compagne de son amant. Bien plus que la peur, c’est une véritable angoisse qu’au fil de l’intrigue, ces trois brillants comédiens communiquent aux spectateurs. La tension dramatique est en effet régulièrement à son paroxysme, et les dialogues imaginés pour cette adaptation, apportent de véritables réflexions sur la vérité, mais aussi ses conséquences.

À vrai dire, je n’arrive toujours pas à comprendre que l’on puisse commettre un acte en étant conscient du danger, et que l’on n’ait pas ensuite le courage de l’avouer. Cette peur mesquine de parler, je la trouve plus lamentable que n’importe quel crime. Stefan Zweig, extrait de la nouvelle.

Entre les murs

capture-decran-2016-12-13-a-17-07-36C’est donc au rythme des nombreuses confrontations entre les personnages que la tension monte, les esprits s’échauffent et les murs se meuvent sur la scène du théâtre Michel. Car au fil du récit, les spectateurs ont face à eux différentes perspectives du domicile conjugal, en fonction de l’emplacement des décors muraux. La scénographie est en effet particulièrement originale car elle donne à l’intrigue, les différents lieux nécessaires à son évolution. Cependant, les fréquents réaménagements sur la scène éclipsent par moment le jeux des comédiens et occupent inutilement l’esprit des spectateurs.

En cette fin d’année, plusieurs scènes parisiennes proposent des oeuvres intéressantes de l’écrivain et dramaturge Stefan Zweig. En cela, le théâtre Michel offre à son public une véritable expérience émotionnelle, grâce à la créativité visuelle du metteur en scène qui rappelle certains codes cinématographiques, en particulier Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. Et parions que la disposition inhabituelle des décors avec ce réarrangement des panneaux au fil du récit, ne laisseront pas les spectateurs indifférents.

Et au terme de la pièce, une fois la tension dramatique retombée, il restera alors une véritable curiosité, celle de lire la nouvelle dans son intégralité, et ensuite de (re)découvrir toute la richesse littéraire de l’auteur.

https://youtu.be/QdBC-gh9TPw

La Peur, de Stefan Zweig. Adapation d’Elodie Menant.

Le jeudi, vendredi et dimanche à 19h
Le samedi à 19h15
Prolongations jusqu’au 26 février 2017 !

Retrouvez toute la programmation du Théâtre Michel, ici.

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