Difficile d’être original quant il s’agit de parler de la Seconde Guerre Mondiale. C’est donc à un exercice difficile que s’est attaqué Nicolas Malfin, auteur de Golden City, s’inspirant de l’histoire vrai de la libération de Saint-Malo. Un récit original alors ?
Synopsis
Saint Malo, août 1944 : alors que gronde la rumeur du débarquement américain, dont les troupes avancent inexorablement, combattant une armée allemande de plus en plus proche de la débâcle, le jeune Erwan, 18 ans, ronge son frein. Témoin de la mort de son père et de son oncle, victimes de soldats allemands, il rêve de rejoindre la résistance alors que couve le combat pour la libération de la cité. Seule la volonté de son grand-père, farouchement opposé à le voir risquer sa vie, le retient de franchir le pas. Mais lorsque l’un de ses meilleurs amis se fait tuer après être tombé dans une embuscade allemande, et qu’il apparaît que le responsable direct n’est autre qu’un de leurs amis d’enfance, il décide de se jeter dans la mêlée, à la veille de la bataille qui décidera du sort de Saint-Malo, et de sa libération. Un récit de guerre qui s’intéresse à un épisode intense et décisif de la libération, à travers la destinée de quatre adolescents pris dans le chaos de la guerre.
Critique
Raconter la petite histoire dans la grande est toujours difficile, en particulier quand on aborde la Seconde Guerre Mondiale, vue, revue et re-revue un peu partout. Si on retrouve souvent la guerre vue par les adolescents militaires (Fury, Il faut sauver le soldat Ryan…) ou par des résistants (Inglorious Basterds…), il est rare que l’on retrouve le point de vue d’adolescents souhaitant rentrer dans la résistance.
Et c’est un point merveilleusement réussit par Nicolas Malfin : raconter une histoire d’adolescents. Ces adolescents évoluent avec leurs joies, leurs amours, leurs amitiés, leurs trahisons…au sein de l’Histoire avec un grand H, celle de la libération de Saint-Malo. On s’attache à Erwan, Françoise et les autres, leurs histoires étant racontées avec beaucoup de fraîcheur, de naïveté et de simplicité.
Cependant, ces histoires sont forcément bouleversées par la libération de Saint-Malo, et des dangers qui l’entourent. La mort guette à chaque coin de rue, et l’insouciance de ces enfants est bien malmenée par cette guerre qu’ils n’ont jamais voulu.
Saint-Malo d’ailleurs est certainement un des personnages principaux de cette BD. On évolue dans la ville avec les protagonistes, et on souffre avec elle de sa destruction, en souhaitant sa libération. L’intégration est donc parfaitement maîtrisée, et la ville comme ses habitants évoluent d’un seul bloc, sans nous laisser un moment de répit, et on se surprend à dévorer les 70 pages du récit à une vitesse grand V.
Un point négatif ? Si l’on devait en trouver un, ce serait le dessin. Bien que brillant et parfaitement maîtrisé, ce dernier se montre peut-être trop clair, trop clinquant, trop propre pour parler de la guerre et de ses situations. Sans tomber dans un glauque “à la Tardi”, le dessin aurait mérité un peu plus de noirceur pour mieux retranscrire la situation. Ici, tout est beau, le soleil brille et le ciel est bleu, ce qui créé un décalage entre le fond et la forme.
Mais au-delà de ça, Cézembre est une vraie réussite, de ces BD qui nous transporte, nous évade. On s’attache à la ville, aux personnages, et le temps est suspendu durant sa lecture. Signe de réussite ? Assurément. Retrouvez ce livre en cliquant ici.