Baptiste Beaulieu sait de quoi il parle : il témoigne de son quotidien comme interne à l’hôpital d’Auch.
Ce livre est dans la continuité de son blog, qui a rencontré un vif succès.
Résumé
Des Urgences au rez-de-chaussée aux soins palliatifs du cinquième étage, voilà la vie d’un jeune interne, qui déteste commencer sa journée par une tentative de suicide. Une patiente en stade terminal s’impatiente : son fils est bloqué à Reykjavik à cause d’un volcan en éruption. Pour lui laisser le temps d’arriver, l’apprenti médecin se fait conteur. Se nourrissant de situations bien réelles, Baptiste Beaulieu passe l’hôpital au scanner. Il peint avec légèreté et humour les chefs autoritaires, les infirmières au grand cœur, les internes gaffeurs, les consultations qui s’enchaînent, les incroyables rencontres avec les patients… Par ses histoires d’une sensibilité folle, touchantes et drôles, il restitue tout le petit théâtre de la comédie humaine. Un bloc d’humanité.
Critique
Nous y retrouvons tout ce que l’humanité peut révéler de beau ou de détestable. Le grandiose y cotoie le sordide, les petits bobos se font compagnons de route des cas désespérés, et la tragédie succède sans transition à la comédie. Les patients sont tantôt joyeux, tantôt désespérés, ils peuvent être odieux, ils sont souvent très attachants.
Et puis il y a le personnel de l’hôpital. Terriblement sollicité, souvent mal compris, sans cesse sur une corde raide qui peut se rompre à tout instant. Sous la blouse blanche, derrière le geste professionnel, il y a des hommes et des femmes qui se battent, qui souffrent, qui consolent et accompagnent.
Baptiste Beaulieu ne prend pas parti : mieux, il explique.
Les internes pour qui la fête ressemble à une fuite en avant, les chefs, dont certains sont admirables, d’autres sont odieux, et puis avant tout il y a les patients, avec leur qualités et leur défauts, mais qu’il faut avant tout comprendre et soigner et guérir quand c’est possible.
Les urgences sont un kaléidoscope de ce qu’une société humaine peut révéler, sauf qu’ici, il est question de vie et de mort, de guérison ou de fin de vie.
Fort heureusement, le comique est souvent au détour du couloir, et l’auteur nous rapporte plusieurs cas particulièrement gratinés qui mériteraient une récompense ! L’absurde, les quiproquos, les blagues ou les gaffes ne sont jamais bien loin.
Alors voilà n’est pas une oeuvre littéraire à proprement parler. Le style est direct, les phrases courtes s’enchainent rapidement et l’auteur glisse parfois dans son texte certains codes dont le déchiffrage n’est pas toujours évident, mais il y a tellement d’authenticité et de vérité dans le récit qu’on se laisse emporter, et que l’on attend avec impatience l’arrivée du prochain brancard ou le départ du prochain SAMU.
Et puis il y a un fil rouge : la dame de la chambre 7, la femme-oiseau-de-feu. Elle sert de trame au livre ; c’est à elle que l’interne ira conter ses petites ou grandes histoires, autant pour se sentir vivant que pour tenter de maintenir la vie dans cette flamme qui s’éteint.
Il faut évidemment lire le livre pour connaitre la chute de l’histoire…
En résumé, Alors voilà n’est pas un recueil d’anecdotes plus ou moins croustillantes, mais une immersion dans un monde tragi-comique dont on ne sort pas indemne.
Ce livre est particulièrement émouvant, parce que terriblement humain, et qu’il nous concerne ou nous concernera peut-être un jour ou l’autre. Retrouvez ce livre en cliquant ici.