Dossier BD : La Jeunesse de Picsou de Keno Don Rosa

Nos écrans de cinéma et de télévision sont depuis un certain temps colonisés par les adaptations de comics. Lorsque l’on pense à la bande dessinée américaine, c’est donc avant tout Marvel, DC, ou Frank Miller (300, Sin City, …) qui nous viennent en tête … Mais il en existe un autre genre, venant moins facilement à l’esprit et pourtant beaucoup plus lu à l’international que ceux précédemment cités : les comics Disney !

Je vous propose de redécouvrir un comics exceptionnel :

La Jeunesse de Picsou

Titre original : The Life And Times Of Scrooge McDuck

Non, Picsou n’a pas toujours été un vieux canard pingre au coffre empli de dollars… De 1877 à 1947, du manoir McPicsou aux filons d’or du Klondike, en passant par le pont d’un bateau ou par les bras de Goldie O’Gilt, Picsou a embrassé le passage du XIXe au XXe siècle en vivant des aventures dignes d’un Hemingway ou d’un Jack London !

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Parmi ces albums qui ont bercé l’enfance de beaucoup d’entre nous, les histoires de Picsou sont sans doute les plus populaires. Il y a quelques années, alors que je dévorais toutes celles que je trouvais dans les rayons des librairies et les étagères de mes aînés, une série en particulier m’avait marqué : La Jeunesse de Picsou, de Keno Don Rosa.

Publiée entre 1992 et 1994, celle-ci raconte l’ascension de Balthazar Picsou, de membre d’une famille pauvre d’Écosse au rang de ”canard le plus riche du monde”.

Commençons avec le visuel : Les dessins sont magnifiques. Qu’ils s’agisse des paysages (urbains comme naturels) ou des personnages (jamais des canards ne vous auront paru si humains), le coup de crayon de Keno Don Rosa est incroyable. Il a d’ailleurs grandement participé à la modernisation du design des personnages de Carl Barks (créateur de Picsou et d’un grand nombre des personnages qui lui sont liés), auquel il fait de nombreuses références et hommages dans son œuvre.

Mais qu’en est-il de l’histoire? On suit Picsou à travers un périple long de 70 ans, de 1877 à 1947, année ou il rencontrera ses neveux Donald, Riri, Fifi, et Loulou. Durant ces quelques décennies, il voyage de l’Écosse aux États-Unis, de l’Afrique du Sud à l’Australie, …

C’est d’ailleurs là le premier aspect passionnant de l’œuvre de Don Rosa : Cherchant à devenir riche, Picsou tente sa chance partout ou il le peut. A chaque nouveau chapitre c’est un vrai plaisir de découvrir ou ses pas ont guidé notre ami, d’autant plus que ses aventures sont toutes ancrées dans des événements historiques : Il conduit un bateau sur le Mississippi au début des années 1880, participe à la ruée vers l’or du Klondike, prospecte du cuivre à l’arrivée de l’électricité, etc …

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Il croise aussi pour la première fois la route de nombreux personnages et objets créés par Carl Barks (à commencer par son fameux sou fétiche !), dont les origines sont racontées avec beaucoup d’humour, et que les connaisseurs reconnaîtront sans aucun doute.

Un autre point intéressant est le fait que pendant longtemps, Picsou enchaîne les échecs. Il s’avoue vaincu, et se résilie à tenter sa chance ailleurs un certains nombre de fois avant que ses efforts ne soient enfin récompensés. Ces difficultés l’obligent à se remettre en cause, et ce n’est pas sa seule source de questionnement.

Il faut bien avouer que si Don Rosa se contentait de raconter comment Picsou à amassé ses milliards, son récit se résumerait à une illustration du rêve américain fantasmé, et du triomphe de l’argent qui mène au bonheur. Mais c’est la tout le génie de l’auteur : Son héros ne cesse de se questionner sur son véritable but. Alors que le Picsou que l’on connaît tous semble ne trouver son bonheur que dans ses bains de pièces, on comprend vite que le personnage est bien plus complexe que cela.

Le récit nous fait découvrir un enfant parti de son Écosse natale afin de nourrir sa famille, un jeune homme s’émerveillant devant la beauté des paysages qu’il visite et la pureté de la nature qui l’entoure. Mais son but étant toujours de devenir riche, un certain nombre de conflits internes l’habitent au fil de ses voyages : Souhaite t-il vraiment devenir riche ? Appréciera t-il le monde de la même façon quand il le sera enfin ? Et doit-il le devenir à tout prix, par tout les moyens ? En tentant de résoudre ces conflits, Picsou hésite, fait des erreurs, déçoit certaines personnes, tente de se racheter, …

Cet aspect rend d’ailleurs la série très touchante. L’émotion n’est pas forcément un élément attendu lorsque on lit du Disney, et pourtant … Il faut dire que Picsou n’est pas épargné par le sort : la misère, l’éloignement, la mort, la trahison, les relations familiales difficiles, l’amour impossible, … Don Rosa aborde tout ces sujets avec une grande justesse, balançant parfaitement entre l’émotion et l’humour.

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En découvrant les origines de Balthazar Picsou, on assimile beaucoup mieux qui il est réellement. Au bout de chemin, on comprend que son argent compte moins pour lui que la succession de souvenirs qu’il représente, et qui sont sa vraie richesse.

Certains me trouveront peut être excessif (c’est quand même une BD Disney!), mais la Jeunesse de Picsou est sans aucun doute l’une meilleurs séries de BD que j’ai eu l’occasion de lire (je la relis encore régulièrement !). Cette œuvre vous embarque dans son monde, vous fait voyager, rêver, rire, pleurer et même réfléchir, à son niveau. Par les thèmes qu’elle aborde et les questions qu’elle pose, elle est loin d’être uniquement destinée au enfants. Bien sur, si vous en avez, vous vous devez de la leur faire découvrir ! Mais si vous n’en avez pas, n’hésitez pas à vous la procurer quand même, vous ne le regretterez pas ! Retrouvez ce livre en cliquant ici.

PS : Keno Don Rosa est un auteur de génie, et si la Jeunesse de Picsou reste son chez d’œuvre, toutes ses histoires méritent d’être lues.

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