Ce n’est pas très sympa pour les autres groupes mais on ne va pas se mentir : c’est Gojira que l’on attend ici à la Redak. Le reste des groupes est un parfait enchaînement pour faire monter la pression de ce qui promet être un gigantesque show.
Pourquoi donc cette attente aussi haute pour un groupe français ? Tout simplement car la dernière fois en 2019 la production était déjà dantesque et le concert mémorable. Pour 2022, il faut ajouter la sortie de l’incroyable album Fortitude qui concrétise des années de travail pour les frères Duplantier et leurs acolytes Jean-Michel Labadie et Christian Andreu.
On y reviendra plus tard. Car la journée est bien remplie avec de nombreux groupes avec le plaisir de voir pas mal de lead féminin.
Battle Beast, Lacuna Coil, Doro et Jinjer : les femmes en force !
Trop peu représentées dans le Metal, les femmes ont pris leur revanche ce dimanche. Les Mainstage ont connu un bel enchaînement de prestations de qualité. Et non seulement elles ont envoyé du bois, mais représentent bien un nouvel élan du metal où la chanteuse n’est pas exclusivement une chanteuse symphonique (même si on a rien contre).
On démarre donc par les bêtes de l’indus, les amateurs de sons punchy (avec un poil de synthé) et des démarrages de chansons par des cris du coeur, les biens nommés Battle Beast. Il serait peu dire que nos camarades finnois sont des bêtes de scène tellement ils enflamment la Mainstage dès ce début d’après-midi. Noora Louhimo, coiffée de superbes cornes et son équipe nous offre une presta assez folle pour ce dernier jour de premier week-end.
On bascule ensuite sur les « anciens » du gothique, les historiques camarades italiens de Lacuna Coil. Autant vous dire que les +20 ans d’existence du groupe se fait sentir sur une presta millimétrée et impeccable. C’est propre, précis, énergique et l’on sent le plaisir du groupe de revenir enflammer notre Fest bien aimé. Lacuna Coil c’est aussi une grosse nostalgie sur Our Truth.
En parlant de tauliers (et en l’occurence taulières), Doro, la Reine du metal, n’est pas venue pour enfiler des perles. Doro Pesch nous rappelle assez vite que si elle a été en tête des charts avec Warlock et que si l’hymne officiel du Wacken Open Air est de son fait, ce n’est pas pour rien. Une énergie unique, un public sous le charme, difficile de résister à l’appel de We are the Metalheads !
Last but not least, l’astre solaire commence à décliner sous le metalcore groovy des ukrainiens de Jinjer menés par Tatiana Shmayluk. Le groupe a les honneurs d’être les ambassadeurs culturels officiels du pays pour porter haut et fort (on leur fait confiance pour ce dernier) la dénonciation de la guerre sévissant actuellement en Ukraine. Et c’est face à un public conquis brandissant de nombreux drapeaux bleu et jaune que va jouer le groupe.
Lysistrata et Michael Schenker
Petit retour dans le temps sur le début de la journée qui a fait place à une petite pépite de la scène française : Lysistrata. Fondé en 2013, le groupe de nos 3 larrons évolue entre du noise / prog / post-hardcore. Assez indéfinissable, mais franchement cool et clairement on aurait kiffé dans notre vingtaine tourner sur la Valley avec autant de brio qu’eux. Mais malheureusement pour nous (et heureusement pour eux), le talent n’est pas également réparti sur cette Terre.
A l’autre opposé de l’âge (mais pas si éloignés en terme de talent) on retrouve également le Michael Schenker Group. Du haut de ses 67 ans, le petit-frère d’un certain Rudolf peut se targuer d’avoir bien écumé le monde du rock et offert quelques hymnes en pâture à de nombreux esprits. C’est donc avec un réel plaisir de le voir sur scène dérouler ses riffs et solos enflammés.
Devin Townsend et While She Sleeps
Tous les groupes de Metalcore ne se valent pas. While She Sleeps entre dans la catégorie de ce qui est plus mélodique, et avec un chant varié qui alterne entre voix claire et growl. Ultra énergiques, malgré le soleil dans les yeux, les britanniques sautent dans tous les sens et invitent la foule à faire de même. Une belle claque sur la Warzone pour nous re-réveiller avant la suite.
Enfin, petit passage nocturne sur l’Altar pour aller voir le camarade Devin Townsend. Son style atmosphérique, riche, complexe et inclassable est assez hypnotisant en cette fin de premier week-end. Cependant, on reste un peu déçu de ne pas avoir eu d’animations plus fortes et de jeux de lumières comme on peut en retrouver sur les Mainstage avec un Gojira ou Steven Wilson en 2018. Certainement une limitation de l’Altar, mais un petit moins pour l’immersion dans l’univers de Devin.
Gojira
D’entrée de jeu, Gojira en met plein la vue. La scène minimaliste est animée de magnifiques jeux de lumières diablement efficaces et pourtant si minimalistes. Rouge, blanc, noir, bleu, flashs… la mise en scène est aussi intense que la musique. Le minimalisme équivaut ici à une grande complexité sublimant la musique. Le tout est savamment mesuré : des jets de flammes opportuns aux flashs façon stroboscopes accompagnent avec précision les frappes de Mario sur ses fûts.
Enorme production millimétrée avec précision, le concert démarre pourtant avec quelques minutes de retard. En attendant, on meuble en discutant. Idéalement positionné à distance de la régie, nous sommes très étonné de voir que la grande majorité des spectateurs nous entourant sont des curieux n’ayant jamais véritablement écouté Gojira. Dans un sens, c’est génial ! Car c’est blindé devant la Mainstage : le seul nom du groupe en tête d’affiche permet de remplir. Mais cela a aussi ses inconvénients : les alentours immédiats sont moins… ambiancés.
En fin de chaque titre, et avant même les applaudissements de circonstance, le mot que nous avons le plus entendu est “WOW!”. Oui, Gojira c’est wow-esque, surtout en live et la première fois. Et il y a de quoi. C’est avant tout du Death Metal assez violent. Mais avec ce côté inattendu très mélodique pour néophyte, en particulier sur les deux derniers albums rendus par l’occasion hyper accessibles.
La terre inconnue des débuts est bien loin mais le professionnalisme est toujours là. Tous les albums ne sont pas représentés sur scène au Hellfest pour faire de la place à Fortitude. 7 des 11 titres de l’albums sont joué en live, dont une toute première mondiale avec NEW FOUND. Le précédent opus MAGMA est lui aussi produit avec les trois excellents THE CELL, SILVERA et STRANDED.
Le show durera au total 1h30. On en aura bien repris 30 minutes de plus vue la matière mise de côté. A noter que cette fois-ci, Joe n’aura pas passé de messages particulier pour la cause de l’environnement et de la nature. La musique se suffirait-t-elle à elle-même désormais ? On aime y croire. A la place, c’est la courte célébration de l’anniversaire de Mario (le batteur) que la foule lancera dès la première pause entre deux titres.
Gojira confirme au Hellfest 2022 son absolue domination du metal français, et décroche une gigantesque place dans le monde du métal en général. Il n’y aurait pas Metallica sur l’affiche du Hellfest 2022, Gojira seraient N°1 !
Pour finir en beauté, le Hellfest envoi son feu d’artifices !