Lors du Hellfest 2022, nous avons pu rencontrer et interviewer le jeune groupe français Black Hellebore. Presque plus un échange entre early-fan que nous sommes et les trois membres du groupe qui se livrent avec plaisir à l’exercice.
Cyrielle Duval : chanteuse ! et guitariste de temps en temps
Anthony Osché : guitariste, compositeur, et pianiste
Jelly Cardarelli : batteur et ingé son studio
Interview déroulée avec beaucoup d’humour, quelques anecdotes, énormément de franchise, et même quelques révélations entre eux ! Merci Cyrielle, Anthony et Jelly.
Découvrez le groupe sur Youtube pour leurs clips supers bien produits : https://www.youtube.com/c/blackhelleboreTV
Et pour écouter l’album, c’est par ici : https://linktr.ee/blackhellebore
Black Hellebore ça veut dire quoi ? On a vu que c’était une fleur sur internet.
Cyrielle : c’est bien en référence à la fleur qu’on a nommé le groupe. Il y a une certaine dualité dans cette fleur. C’est une fleur qui pousse en hiver, donc elle a un côté fragile mais aussi résistant. La dualité c’est une thématique que l’on aborde aussi dans l’album. Il y a une certaine fragilité et en même temps on fait du metal, on rentre dedans !
Vous avez l’air bien jeunes !
Cyrielle : ouais… Je ne sais pas si on est si jeunes que cela !
Anthony : on va se laisser pousser un peu la barbe.
Par rapport à l’affiche d’un Hellfest, vous faites partie des groupes jeunes !
Jelly : je pense que sur le festival il y a de tout. Jeunes ? Non, je dirais qu’on est déjà dans la tranche intermédiaire. En termes d’âge ! En terme de création de groupe on est très jeunes. On en est aux balbutiements, on n’a même pas encore fait de concert. Au début, ce n’était pas forcément prévu. C’était plutôt un projet solo de Cyrielle dans lequel elle aurait fait de la musique pour présenter ce qu’elle faisait. Ses envies ont pris de l’ampleur et finalement on se décide à vouloir travailler un show.
Si vous deviez décrire votre musique, à ma grand-mère par exemple ?
Cyrielle : c’est une bonne question.
Anthony : déjà c’est du metal moderne.
Jelly : [avec une voix de grand-mère] c’est de la musique qui fait beaucoup de bruit.
Cyrielle : Elvis Presley puissance 1000 ? C’est du rock très violent avec des sons de musiques actuelles.
Jelly : des sons de musique électronique.
Cyrielle : on fait du metal alternatif, c’est assez varié. On essaie d’incorporer pas mal de nos influences qui ne sont pas forcément que metal.
Ca vous vient d’où cette musicalité ? L’inspiration ?
Anthony : c’est divers et varié, on a chacun nos propres inspirations. Des groupes un peu plus anciens, Iron Maiden pour notre ancien Jelly. Pour ma part cela va être de la musique de guitaristes : Yngwie Malmsteen, Symphony X, Dream Theater, Steve Vai. Et pour Cyrielle, c’est la petite jeune au niveau des influences.
Cyrielle : [rires] c’est pas complètement faux ! J’ai sauté dans la musique avec de la pop, funk, etc, c’était Michael Jackson. Depuis j’ai bien évolué. J’écoute beaucoup de musiques très diverses. C’est ce que l’on voulait ressentir dans l’album : de l’électro, des mélodies pop, un peu de metal plus proche du death, du prog. On a essayé de combiner ces influences. Il faut mentionner qu’il y a cinq titres sur sept qui ont été composés par Stéphan Forté. Donc il y a aussi ses influences un peu plus sombres qui sont venues se poser sur l’album.
Il y a un travail de production assez impressionnant sur l’album.
Jelly : [à Cyrielle] tu vois que je ne mixe pas old-school.
Cyrielle : je ne t’ai jamais dit que tu mixais old-school, c’est toi qui me disais que tu mixais old-school ! [rires]
Ya un super travail qui a été fait, parlez-nous donc de la prod !
Jelly : super travail je ne sais pas, y a un travail c’est sûr.
Cyrielle : mais si, Jelly est très bon ! Il est mixeur pro aussi.
Jelly : ma première passion c’est la batterie. Au fur et à mesure j’ai commencé à me développer dans le son, j’ai toujours eu cette fibre là. Depuis gamin je suis audiophile, j’aime bien la HiFi, les trucs comme ça. J’ai commencé à acheter du matos, la curiosité à fait que j’ai commencé à mixer deux ou trois trucs. J’ai appris de façon empirique, tout seul et à développer son oreille. Aujourd’hui, la MAO, le home studio, c’est tellement développé et démocratisé que c’est très “facile” de faire ses prod à la maison.Le matos coûte beaucoup moins cher. Aujourd’hui avec une carte son à 4000€ tu fais un album, c’est incomparable avec un studio à 2000 ou 3000€ par jour sur une console à 150000€, c’est pas cher.
Vous avez prévu de presser l’album en vinyle ?
Cyrielle : sur le site en ligne le CD est en vente. Mais il n’y aura pas de vinyle. On voit bien qu’avec l’évolution de la musique vers le streaming, on s’était déjà posé la question de presser des CD. Pour un premier album, c’était quelque chose qui nous tenait à cœur de faire le produit en dur.
Jelly : et on est en auto-prod, c’est Black Hellebore qui paie tout. Presser des vinyles implique d’en presser une certaine quantité minimum. On lance le groupe, on n’est pas sûr de les vendre. Les CD c’est important pour la Presse, pour nous, notre kiff perso. Pour le prochain album, on verra ! Avec le support d’un label ça serait cool ?
Sur les pistes on entend du growl, c’est toi Cyrielle ?
Cyrielle : oui, c’est moi !
Jelly : c’est Cyrielle qui fait toutes les voix. Il est possible que sur le prochain album je pose des voix…
Cyrielle : ah bon ?
Jelly : elle le découvre là, on en reparlera, j’ai ça en tête ! Il est possible que je fasse des harmos. Parce que cela apporterait de l’épaisseur.
Cyrielle : ok cool ! On le découvre en live interview ! [rires]
Du coup vous préparez déjà le prochain album ?
Jelly : oui en parler c’est déjà du travail
Cyrielle : pour l’instant on est encore à fond sur le premier disque parce qu’il est sorti il n’y a pas si longtemps que cela. Mais forcément on a déjà des idées pour la suite.
Anthony : on cherche une recette.
Cyrielle : on sait déjà où on veut aller !
La même chose ou cela va évoluer ?
Jelly : ça va évoluer car si on fait la même chose on stagne. On restera dans la veine du premier album. A terme on va se “popiser”, quand je dis à terme, c’est dans 5 ans, dans 10 ans. Même si cela restera metal, on aime tous la pop.
Anthony : Sauf lui [Anthony, ndlr].
[rires]Jelly : on cherche encore la direction vers laquelle on veut aller. On a déjà des petites preprod qui traînent.
Cyrielle : le seul truc que l’on peut dire c’est que cela va certainement être un peu plus sombre.
Jelly : de la pop sombre !
Cyrielle : ça sera pas de la pop totalement, ça restera violent et sombre
Jelly : oui tu as raison, j’avais même en tête plus de chant growl, mais avec une idée pop en tête !
Un album pour l’année prochaine alors ?
Cyrielle : single oui, album… à voir !
Jelly : on aimerait bien en tout cas.
En ce moment, qu’est-ce que vous écoutez ?
Cyrielle : Bring Me The Horizon, en front row si possible au Hellfest !
Anthony : des vieux trucs Jason Becker, des vieux albums de Dream Theater.
Cyrielle : non mais en ce moment, tu écoutes quoi comme musique sur ton iphone ?
Anthony : je n’ai pas de musique sur mon iphone, je suis un vieux ! Ah oui, il y a un groupe que j’aime beaucoup : In This Moment.
Jelly : assez peu de metal. Pour rester dans le ton, pas mal de Gojira mais pas le dernier album que je n’aime pas trop. Sinon beaucoup de prog, Haken en ce moment. Porcupine Tree car en ce moment ils sortent des single car je suis un gros gros gros fan du groupe.
Tu vas au concert au Zenith de Paris en fin d’année ?
Jelly : oui j’y serais et j’espère bien accéder en backstage pour faire une photo avec Steven Wilson !
Pour parler du Hellfest, quels sont les groupes que vous avez envie d’aller voir ?
Cyrielle : Bring Me The Horizon ! mais cela dit il y a d’autres groupes : Metallica et Gun’s n Roses. C’est mes toutes premières influences, ils m’ont amené au metal. Voilà pour mes trois groupes, ceux que j’attendais avec impatience. Il y avait une super programmation cette année !
Jelly : il y a même eu des doublons ! Megadeth.
Airbourne aussi joue deux fois, et quelques autres groupes.
Cyrielle : c’était une grosse programmation avec vraiment plein de choses à voir pour les 15 ans du Hellfest
Jelly : c’était exceptionnel cette année.
Anthony : moi je suis venu pour Steve Vai ! C’était terrible, une tuerie, le mec c’est un alien. Après ça fait plaisir de voir d’autres groupes. Les Gun’s, MEtallica mais je suis venu pour Vai !!!
Jelly : je vais aller voir Bring Me c’est sûr. Il faut que je les vois, je ne les ai jamais vus. Metallica parce que je les ai vu à Arras mais je ne les ai pas vraiment vus du haut de mon 1m58… Ici je vais pouvoir les voir de près donc je vais en profiter ! Je vais aller voir les Gun’s mais si j’aurais préféré les voir en 1992. J’ai aussi été voir des potes : Betraying the martyrs, la fin de Novelist, parce que c’est mes potes.
L’année prochaine le Hellfest vous appelle, vous voudriez jouer sur quelle scène ?
Anthony : la mainstage
Jelly : moi j’ai joué sur la mainstage vendredi [ndlr : Jelly officie aussi dans Disconnected qui était programmé le 24 juin 2022 à 11h] donc ça serait dur de faire autre chose mais on crachera pas sur Temple, ou peut être plus Valley pour nous ? Mais je ne veux pas jouer sur la Hellstage de l’entrée… en vrai on cracherait sur rien !!! C’est cool de jouer au Hellfest !
Et si vous deviez faire une première partie d’un groupe ? A part Bring Me The Horizon Cyrielle !
Cyrielle : avec ce premier album, et notre style musical, on est souvent comparés à Amaranthe.
Jelly : Amaranthe ça serait cool, un beau plateau. On pourrait ouvrir pour Spirit Box aussi, apparemment c’était la grosse tuerie ce matin au Hellfest !!! Pour Bring Me… c’est pas réaliste, pas maintenant. Jinjer, ça pourrait le faire en un peu décalé. Le simple fait que l’on ai une nana au chant, on pourrait faire Arch Enemy, Nightwish, Epica. On peut rêver !
Il suffit de pas grand chose, continuez !
Jelly : mais la musique interfère finalement assez peu dans le processus de grossissement du groupe. C’est beaucoup de copinage, de bonnes rencontres au bon moment. C’est triste mais c’est comme ça.
Malheureusement c’est partout pareil, pas que dans la musique.
Jelly : et particulièrement en France qui ne laisse aucune place à la méritocratie. Aux Etats Unis même si c’est plus dur parce qu’il y a plus de groupes, il y a plus de place pour les bons.
Des salles, des scènes sur lesquelles vous rêveriez de jouer ?
Cyrielle : il y a le rêve et la réalité…
Jelly : le rêve reste un rêve jusqu’au jour où il se réalise ! j’ai toujours rêvé de jouer au Zenith de Paris parce que tous mes groupes préférés s’y sont produits. Puis un jour je l’ai fait ! Le prochain rêve c’est Bercy, c’est une salle mythique !!!
Cyrielle : les gros festivals de metal. Les mainstage du Hellfest et du Wacken ! Le Grasspop aussi, le Download.
Anthony : ça sera sensiblement la même chose pour moi, les gros festivals.
Quels sont vos kiffs secrets, vos guilty pleasure musicaux du moment ? Ceux que vous n’avez peut-être pas encore dévoilés à vos petits camarades ?
Jelly : j’écoute beaucoup de pop ce n’est pas un secret. Je suis fan d’Elton John, j’ai fait son dernier concert à Paris cette année, j’ai pleuré, c’était énorme. J’aime beaucoup Katy Perry, Lady Gaga, j’adore Keisha, Kendrick Lamar.
Cyrielle : je n’ai rien de vraiment secret à l’heure actuelle. Je me fais toujours chambrer parce que j’adore Blind Channel.
Jelly : mais ça déchire Blind Channel !
Cyrielle : ils sont produits par Dan Lancaster qui produit Bring Me The Horizon. Sinon ce que j’aimais avant cela peut faire rire !!! J’étais une grande fan de Tokyo Hotel.
Anthony : peu de secret chez moi non plus. J’écoute pas énormément de pop : James Blunt que j’aime beaucoup, Coldplay. Les musiques de Disney.
Ah ! On veut un nom ! de l’ancien ou du nouveau ?
Anthony : la belle et la bête donc ancien !
Jelly : le Roi Lion !
Anthony : Elton John, énorme.
Si le metal n’existait pas vous joueriez quoi ?
Cyrielle : de la pop.
Anthony : du classique. J’adore l’époque baroque : avec Bach notamment qui reste encore aujourd’hui l’une de mes influences principales. Dans l’époque plus classique Paganini est une autre très grosse influence. Sinon Mozart, Haydn, Chopin pour l’époque plus romantique. J’ai du mal à choisir une époque ! Je ne saurais pas te dire quand j’aurais dû naître !
Jelly : De la pop ou du rock. Si le metal n’existait pas je l’aurais inventé [rires].
Un petit mot pour la fin ?
Cyrielle : je remercie toutes les personnes qui ont écouté l’album. On a eu un accueil super chaleureux et de super bonnes critiques. Merci pour tout. Pour ceux qui ne nous connaissent pas, je peux juste les enjoindre à aller écouter notre musique
Jelly : c’est très important ! On sort d’une saloperie de période de merde d’enfoiré de ses morts. Il y a plein de groupes qui ont mis la clé sous la porte, ça a été une période ultra difficile. Je dis toujours que le plus important quand on aime un groupe et un artiste c’est de le supporter. Ce n’est pas grand chose : acheter un CD, un T-shirt, venir en concert.
Cyrielle : relayer sur les réseaux sociaux.
Jelly : ouais, être présent pour les groupes. Parce qu’on achète un CD ou un T-shirt c’est pas pour permettre au groupe d’aller au Carlton Hotel ou de s’acheter une Mercedes, c’est pour survivre ! On en est tous là. Nous on est encore petits mais les groupes intermédiaires qui sont présents à 14h au Hellfest, ils ont besoin de plus de moyens pour se déplacer, etc…