Mes cousins Canadiens, et en particulier les Québécois ont une place chère dans mon cœur. C’est une sorte d’histoire d’amour à distance, toujours polie et marquée d’une sorte de respect – que j’espère réciproque.
Ici, en France, j’irais même jusqu’à dire qu’on est jaloux des canadiens. Ils ont bonne presse. Ils sont vachement balèzes sur la communication politique extérieure. Grâce à Céline Dion ou Natasha St-Pier ils ont des chanteuses iconiques. Les hommes ne sont pas en reste avec Garou ou Mononc’ Serge (oui ! c’est une référence pour certains !). Ils ont un vachement beau pays aussi (presque aussi beau que la France, paf !). Et puis ils ont la réputation d’être très polis.
Mais je divague. Cette introduction a autant de rapport qu’une choucroute avec une Supernova.
Car aujourd’hui, je vous parle spectacle de cirque et en particulier du Cirque Alfonse (oui, vous aurez deviné qu’il s’agit d’une formation canadienne).
TABARNAK : the unexpected is happening
Ils ont posé leurs valises au Théâtre Bonino. Et elles sont bien pleines d’idées aussi farfelues les unes que les autres, et d’objets étranges. La preuve : le spectacle démarre alors même que les spectateurs arrivent encore pour s’installer. Enfin, si l’on considère que tricoter, boire un verre, se balader ou régler ses instruments fait partie intégrante du show. L’ambiance est posée cash : cela ne sera pas sérieux.
Puis le spectacle démarre ! Immédiatement c’est la musique qui prend le lead : hymne « national », chants, claquettes. Le show est autant visuel que sonore. Et c’est un énorme kiff musical. Le claviériste domine littéralement les débats ! Positionné au centre de la scène et tout en haut, tel un orgue dans une église, il balance ses mélodies toutes droits venus des années 70, suivi en alternance par une guitare, une basse et les percussions.
Iconoclaste pas méchant mais bien grinçant !
L’église, la religion… ou plutôt LES religions sont moquées dans ce spectacle. Déjà, la scène est construite telle une grande église moderne. Des bancs de prière, le fameux organiste, un beau vitrail et, bien sûr, les pèlerins que nous sommes, le public.
Le spectacle introduit aussi plusieurs simulacres de cérémonies sur un ton toujours amusant et désinvolte. L’idée ici est simplement de se montrer totalement absurde en reprenant quelques symboles fortement ancrés dans notre culture. Faux cérémonial de baptême, liturgie pseudo-chrétienne, lecture de textes… tout est là pour ne pas oublier de quoi on parle.
Une cohérence qui force le respect : cirque et show en même temps
Sous couvert de ces pitreries, je n’oublie jamais que je suis face à un spectacle de cirque. Qui dit cirque dit prise de risque, voltige, clown (ok, cette partie et déjà couverte si vous avez bien suivi), et quelques tours de force.
Les interludes permettant les changements de décors (souvent improbables !!!) laissent vite place à des démonstrations impressionnantes. Impressionnantes car au-delà même des performances, les tableaux purement axés sur l’art du cirque restent dans l’esprit, la thématique et l’image volontairement iconoclaste de la chose.
L’ensemble est d’une cohérence folle. Du début à la fin, le pari de l’absurde est tenu. Et malgré tout, les séquences sont prenantes. Je retiens mon souffle à chaque voltige. Je transpire de crispation lors de certaines tentatives. Je suis à fond dedans.
Puis, la performance terminée, le comique revient à 100 à l’heure et fait office de gigantesque soupape. Je ris, j’applaudis, souvent amusé, toujours époustouflé.
Allez donc voir le show TABARNAK !
Les 1h30 passent à une vitesse dingue. La troupe ne fait qu’accentuer ma tendance naturelle à aimer mes cousins canadiens, même s’ils sont clairement allumés. Car parfois, les sketchs surréalistes presque trop absurdes (mais est-ce possible d’être trop absurde ?) sont menés jusqu’au bout du bout.
1h30 de bonheur. 1h30 de voyage. 1h30 de laisser-aller.
TABARNAK : Jusqu’au 09 juin 2018 à Bonino ! Foncez !
Puis en tournée : vérifiez ici.