Utopiales 2024 : passionnant et immersif

Les Utopiales 2024, qui se sont déroulées à Nantes du 30 octobre au 3 novembre, ont encore une fois prouvé qu’elles étaient le rendez-vous incontournable des amateurs de science-fiction, de littérature et de cinéma de genre. Cette édition a proposé une programmation dense et variée, mêlant projections, débats, expériences interactives et jeux de rôle. Retour sur quelques moments marquants du festival.

Une inauguration immersive et musicale

Le festival a ouvert ses portes dès mercredi, avec de belles expositions et deux expériences de réalité virtuelle assez classiques, qui ont immédiatement plongé les visiteurs dans un univers futuriste et sensoriel. Une belle entrée en matière avant la conférence d’ouverture sur le thème de l’Harmonie, qui a posé les bases philosophiques et scientifiques des réflexions de cette édition.

Le point fort de cette soirée d’inauguration était sans aucun doute le ciné-concert autour de Robocop. Ce film dystopique, réalisé en 1987, raconte l’histoire d’Alex Murphy, un policier transformé en cyborg après avoir été assassiné par un gang. Robocop est connu pour ses critiques sociales et politiques acérées, ainsi que pour son exploration des thèmes de l’identité et de la mémoire.

Faisant partie de cette génération d’enfants des années 80 qui a été marquée par les images et la violence de ce film bien trop jeune, j’avais hâte de revoir le film, plusieurs décennies après mon dernier visionnage. Si le film reste très fort, et si la composition musicale apportait une perspective intéressante, elle prenait parfois parfois elle prenait trop le dessus sur l’œuvre originale. C’était avant tout un concert, accompagné d’images, plus qu’une projection d’un film, accompagné de musique.

Des débats captivants et des jeux immersifs

Le jeudi a été marqué par plusieurs événements marquants, à commencer par le jeu à débattre, qui a su captiver les participants avec des échanges riches et bien menés. Une expérience ludique et pédagogique qui prouve encore une fois que le festival sait mêler divertissement et réflexion. C’est la deuxième année que je participe, et j’ai apprécié le fait que les thèmes ne soient pas totalement repris à l’identique, cela permet de pouvoir revenir s’amuser sans impression de redite.

La conférence sur l’extrême droite a également attiré une forte audience. Dans un contexte politique troublé, les discussions ont été nourries et passionnantes, abordant les stratégies de désinformation, la montée des populismes et leur impact sur les sociétés futures, souvent à travers le prisme de la science-fiction dystopique.

Côté cinéma, U Are the Universe, une comédie SF décalée, a apporté un vent de fraîcheur à la programmation. Le film suit deux astronautes qui se découvrent être les derniers survivants de l’humanité après l’explosion de la Terre. Ce qui commence comme une tentative désespérée de connexion se transforme en une romance à distance, alors qu’ils partagent leurs désirs les plus intimes dans l’espoir de passer ensemble le peu de temps qui leur reste. Le ton léger et l’humour bien dosé du film ont séduit le public, offrant une pause bienvenue dans un genre souvent sombre.

Vendredi : du jeu de rôle et des découvertes cinématographiques

Le vendredi a été une journée particulièrement ludique, avec une Mini Murder Party dans l’univers de Hazbin Hotel, un concept original qui a plongé les participants dans un affrontement diplomatique entre anges et démons. Même sans avoir vu la série, l’expérience s’est révélée accessible et plaisante, offrant un bel équilibre entre narration et jeu d’interaction. Depuis, j’ai fait un rattrapage de la série animée produite par A24 et j’y ai pris beaucoup de plaisir. L’univers et l’animation sont assez classiques, mais j’ai particulièrement apprécié les morceaux musicaux, plutôt rares (voir inexistants ?) habituellement dans l’animation pour adultes.

Autre moment fort : la session de jeu de rôle Les Chants de Tindalos. Ce jeu de rôle d’horreur lovecraftienne se déroule dans un univers réaliste et terrifiant, où les joueurs doivent affronter des forces cosmiques qui dépassent leur compréhension. Le système de jeu, appelé PLP, favorise un glissement progressif vers la folie à mesure que les personnages découvrent la vérité sur le monde. L’univers du jeu, riche et immersif, a convaincu au point que de nombreux participants ont immédiatement soutenu le projet. J’avoue avoir personnellement craqué. Le financement participatif est clos mais vous pouvez retrouver toutes les infos au sujet de ce jeu sur le site officiel.

Côté cinéma, The Draw a été une belle surprise malgré un budget très limité. Ce thriller SF se déroule dans un monde où le libre arbitre est une chose du passé. Le film suit Alec, un rêveur maladroit qui travaille dans un magasin d’avatars où les clients peuvent créer leur personnalité idéale. L’arrivée de Jade, une figure rebelle stratégique, le pousse à remettre en question le système. Le film compense son manque de moyens par une écriture efficace et une mise en scène ingénieuse, mettant en lumière les risques de la trajectoire actuelle de la société.

Un bilan toujours aussi positif

Malgré quelques déceptions, les Utopiales 2024 restent une réussite. Le festival continue de proposer une programmation ambitieuse, mêlant projections rares, débats de haute tenue, expériences interactives et rencontres passionnantes. L’équilibre entre science, fiction et réflexion est toujours aussi bien dosé, et l’ambiance, entre passionnés et curieux, fait de cet événement un moment unique dans l’année. Cette année, je n’ai pas pu participer à l’ensemble du festival, et c’est une vraie déception tant j’y prend un plaisir fou…

J’ai prolongé le plaisir dans les semaines suivantes en découvrant un auteur mis en avant durant le festival : Victor LaValle, un auteur américain connu pour ses œuvres mélant horreur et fantasy. LaValle a reçu de nombreux prix pour ses écrits, dont le World Fantasy Award, le British Fantasy Award, et le Shirley Jackson Award. Son travail explore souvent les thèmes de l’identité, de la famille, et des expériences des communautés afro-américaines et latino-américaines.

La Ballade de Black Tom est une nouvelle publiée en 2016, qui revisite la nouvelle d’H.P. Lovecraft, L’Horreur de Red Hook, du point de vue d’un jeune noir, Charles Thomas Tester, surnommé « Black Tom ». L’histoire se déroule à Harlem en 1924, pendant la Renaissance de Harlem. Black Tom est un jeune homme qui gagne sa vie en faisant semblant d’être musicien, mais il se retrouve impliqué dans des événements occultes avec un riche blanc, Robert Suydam, qui prépare le retour d’un être cosmique. LaValle transforme le texte original de Lovecraft, connu pour son racisme, en une dénonciation puissante du racisme anti-noir dans l’Amérique des années 1920. Le roman court explore les thèmes de l’identité, de la violence, et de la folie, tout en offrant une critique sociale acérée de l’époque. 

Le Changelin est un roman publié en 2017, qui mélange des éléments de fantasy, d’horreur et de drame familial. L’histoire suit Apollo Kagwa, un marchand de livres anciens, dont la vie est bouleversée lorsque sa femme, Emma, commet un acte terrible et disparaît. Apollo se lance dans une quête pour retrouver Emma et comprendre ce qui s’est passé, plongeant dans un monde de mystères et de légendes urbaines à New York. Le roman explore les thèmes de la paternité, de l’identité, et du pouvoir des histoires pour façonner notre compréhension du monde. Le Changelin a remporté plusieurs prix, dont le prix Locus du meilleur roman d’horreur, le prix World Fantasy du meilleur roman, et le prix British Fantasy du meilleur roman d’horreur en 2018.

Ces deux œuvres montrent la capacité de LaValle à réinterpréter des mythes et des légendes tout en abordant des questions sociales contemporaines avec une grande sensibilité et une écriture puissante.

Vivement les Utopiales 2025, et je vous garanti que cette fois, je bloque mon agenda pour toute la durée de l’évènement ! Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site du Festival.

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