Pour les Thrasheux, ce dimanche est saint. La grande messe du heavy metal démarrée par Powerwolf durant le Knotfest se ferme par l’imagerie iconoclaste de Slayer. Il n’est pas que Kerry qui est le roi du soir, il partage les derniers instants sur scènes de Slayer avec Gary Holt, Paul Bostaph, et l’inimitable sourire de Tom Araya. Retour plus tard sur cette ultime performance française.
Municipal Waste et Revocation
Car commençons par le début : la journée se lance (vers 12h on a bien dormi) sur le Thrash metal explosif de Municipal Waste. Enfin non, on profite juste avant des derniers riffs aggressifs de Nova Twins. Les anglaises balancent un son violent à cheval sur du nu metal et du neo punk. A réécouter à la maison pour mieux goûter de nouveau au style.
Revenons à la décharge municipale. Le show de Municipal Waste démarre sans démarrer, le chanteur court partout. A la bourre, le groupe aurait atterrit à peine 45 minutes avant de monter sur scène ! Mais rien n’est perdu et les titres s’enchaînent à un rythme endiablé. Au final 30 minutes seulement de gros kiff.
Pas de repos aujourd’hui, c’est la course aux groupes qui envoient du bois en rythmique. Changement de style pour taper une accélération sur Altar avec Revocation. Les américains sont surprenants de maîtrise, notamment vocale. On appelle pas cela du Death Metal technique pour rien. Tout est très propre.
Pause funky avec CLUTCH
Découvert au Hellfest quelques années plus tôt dans la Valley, CLUTCH mérite amplement le Mainstage pour nous offrir ce qui ressemble à une pause mais qui n’en est pas une du tout. Pourquoi ? Parce que CLUTCH c’est hyer groovy, ultra catchy et d’autres muscles que ceux du handbang s’activent. Et tant mieux, parce que l’échauffement est nécessaire pour Immolation. (Au fait, entre temps encore du Thrash avec Testament mais pas eu le courage d’enchaîner…).
Venus des États Unis, Immolation est une référence du death metal. La grosse voix bien dégueulasse du chanteur Ross Dolan ne s’oublie pas de si tôt.
Juste après, guess what: encore du Thrash avec Anthrax, ceux du Big 4 qui ont raté le virage du “fame” qu’ont réussi à prendre Slayer, Metallica, et même Megadeth. Il faut dire que les deux plus gros titres de Anthrax sont des reprises… la voie royale est ouverte à Slayer.
Tesla branche le Hellfest
Tesla, avec Love Song, c’est un peu la chanson love ultime de votre époque lycée (quelque soit votre âge, c’est aussi ça leur force) et cette intro sur laquelle vous avez ruiné vos doigts à la guitare.
Et bien les voir en live, c’est rappeler à votre petit cœur tout meurtri que « love will find the way » et à vos doigts (tout aussi meurtris) qu’ils ne feront jamais mieux que Frank Hannon leur guitariste. Les voir en live est une chance, et on remercie le Hellfest pour cela !
On enchaine avec Lynyrd Skynyrd et ses (excellents) sons de rock sudiste. Après ZZ Top hier et Clutch en après-midi, c’est un Hellfest qui respire la Bible Belt ! Et pour bien préparer la soirée, le groupe qui compte plus de membres morts que vivants (en même temps, quand on tourne depuis 55 ans…) nous a offert un florilège de leurs meilleurs chansons. Call me Breeze, Simple Man, et évidemment Sweet Home Alabama et un vibrant Free Bird ont résonnés dans les champs clissonnais, et la vigne alentour avait des airs de maïs d’Alabama.
Finitions sur 4 Mainstage
Le groove metal vous ne connaissiez pas ? C’est chose faite avec Lamb of God qui a assurément son public. Nombreux sont les headbanger déchaînés qui hurlent les refrains avec l’iconique et énergique Randy Blythe au micro.
Laid to rest, Redneck ou Walk With Me in Hell résonnent encore dans les cerveaux des fans.
Changement d’ambiance immédiate lorsque Myles Kennedy et Slash entrent en Mainstage 1 avec The Conspirators. La formation qui existe depuis maintenant depuis 2012 mais n’arrive pas à se trouver un hymne spécial. Il existe bien World on Fire qui sort du lot et clôture la prestation quasi parfaite du groupe. On notera une reprise seulement des Gun’s N Roses avec, encore une fois, un Myles Kennedy au top de la forme.
L’ambiance monte d’un cran lorsqu’est lancée l’introduction de Slayer qui fait suivre immédiatement d’un gros Repentless. A fond les guitares, rien ne semble pouvoir arrêter Slayer pour au moins faire un petit mot. Les fans sont au courant. La formation de Tom Araya n’est pas venu pour éplucher des patates et faire la discussion. A l’image de Carcass, c’est la musique qui prime. En 1h30 de set, les californiens balancent pas moins de 19 titres issus de la quasi intégralité des albums. Un putain de best of sur scène.
Jusqu’au bout, Slayer se jouera des conventions. Alors qu’ils tiennent le créneau principal du dimanche soir, alors que le Hellfest a investi dans de nouveaux écrans géants en fond de scène, Slayer préfère garder le style des banderoles qui tombent. A l’ancienne mon gars ! Pour montrer qu’il ne fallait pas juste venir avec ses instruments, quelques flammes sont ajoutées sur d’immenses croix au nom du groupe, mais c’est tout pour le show.
En guise de salut final, le Hellfest tire un ultime feu d’artifice tandis que Tom Araya et ses compères remercient la foule. Le dernier mot est pour Araya : “I’ll miss you guys”. Nous aussi.
Tool : la véritable tête d’affiche
A l’heure de l’ultra dominance d’internet pour se créer une visibilité, Tool fait office d’OVNI. Une page Facebook et un Twitter assez pauvres en animation au regard des standards de 2019 sont la seule présence du groupe en ligne.
Anti services de streaming, le groupe de Metal progressif reste pourtant une pointure et référence du genre malgré cette absence. Les curieux sont nombreux à minuit trente pour enfin écouter en live du Tool.
Peu de fioritures, assez peu de bla bla. C’est décidément une soirée musique ! Pour la blague, quelques gouttes de pluies seront tout de même tombées sur Clisson lors de Raining Blood de Slayer. Il fallait le faire.
Le Hellfest se termine donc sur la véritable pépite qu’est Tool, groupe sachant cultiver sa rareté. A l’année prochaine avec encore – espérons le – plein de bonnes surprises !