Troisième année de Hellfest pour la Redak, troisième année de plaisirs partagés avec environ 180.000 autres festivaliers. C’est d’ailleurs un record d’affluence pour l’édition 2016. Est-ce lié aux têtes d’affiche ? Les allemands de Rammstein ont littéralement mis le feu, le glam de Twisted Sister a excité les foules et la fin de Black Sabbath en a ému beaucoup…
Bilan d’un festival qui ne cesse de s’améliorer, tenant compte des remarques et suggestions émises les années précédentes. Il faut aussi souligner une programmation très diverse ainsi que cette excellente ambiance qui le caractérise. Chose étrange, nous avons été nombreux à trouver que le festival était bien plus calme cette année… Est-ce lié au manque de soleil, réduisant la consommation de bières ? Est-ce plutôt lié à un fort besoin de décompression des festivaliers, se déconnectant de la « vie » et des actus ?
Ce qui est sûr, c’est que nous attendions vraiment ce grand week-end pour nous relâcher, profiter d’un esprit bon enfant, apprécier le grand respect mutuel entre les festivaliers, savourer la tolérance ambiante.
Encore merci à HELLFEST Productions pour nous avoir permis de de couvrir l’événement pour Lifestyle Oblikon !
Une organisation aux petits oignons
L’histoire se répète et dans le bon sens. L’organisation du Hellfest est toujours aussi impressionnante. Malgré quelques petits bugs (lire plus bas), tout semble s’être très bien passé.
L’association Hellfest avait cette année un budget de 17 millions d’euros. Très peu de subventions dans le budget du troisième festival de France. La ville de Clisson est bien évidemment très impliquée dans l’organisation, le département semble donner quelques subventions. Du côté de la région, suite à la fameuse affaire du salut nazi de Phil Anselmo, les 20.000 euros de subventions avaient été supprimées… Le budget provient donc essentiellement de la billetterie, des sponsors (et de mécénat ?), ainsi que de subventions et aides locales.
Mais il ne faut surtout par oublier l’ENORME travail des 4.000 bénévoles/salariés/partenaires se relayant sur trois, voire quatre jours pour assurer la vie du festival ! On les croise à de très nombreuses occasions : aux guichets Cashless, derrière les comptoirs, à la ramasse des déchets, à l’entrée, à la sortie… Ils sont partout ! Up the irons pour toute la team Hellfest bénévole !
Malgré tous ces efforts, quelques couacs ont un peu énervé le public cette année : des files d’attentes Cashless interminables la première journée. Le temps d’attente à l’entrée de l’espace concert de parfois plus d’une heure (augmentation de la sécurité du fait de l’actualité), et le petit foirage dans l’envoi des Cashless précommandées qui n’étaient pas arrivées à l’heure… En suggestion d’amélioration, on pense évidemment à faire en sorte que la recharge Cashless via le mobile puisse être activée l’année prochaine. Mais aussi que le festival dispose de plus de toilettes pour femme.
En général, nous avons aussi remarqué une baisse générale de la qualité des stands de bouffe. Avons-nous été les seuls ou tout simplement peu chanceux ? Nous avons un sentiment partagé avec quelques autres festivaliers. Pourtant, suite au « vote qualité » post-festival de l’année, les stands avaient été classés par ordre de satisfaction. Un numéro de 1 à 30 permettait de situer le niveau de qualité général et d’hygiène de la bouffe servie.
Le festivalier Hellfest est-il trop exigeant ? Non ! Il a juste été habitué, ces dernières années, à un excellent niveau de prestations. Donc il devient exigeant ! Allez donc faire un tour du côté du nouveau festival Metal parisien, et vous verrez ce qu’est une mauvaise organisation… (D’ailleurs, ils n’ont pas rempli…)
Heureusement que le Hellfest sait toujours nous surprendre par ailleurs, effaçant les petits accros précédemment cités. Et cela démarre bien sûr avec une Warzone toute neuve !
New Warzone et statue géante de Lemmy Kilmister
La très bonne et grosse surprise de cette année est le réaménagement complet de la Warzone ainsi que de la zone restauration adossée. Il y avait vraiment beaucoup de travail pour rendre la Warzone plus conviviale et surtout accessible. Cette scène dispose donc maintenant de deux points d’entrée/sortie. Un accès direct vers les Mainstage via le Kingdom of Muscadet, et un accès à l’arrière vers un espace restauration dominé par la géante statue de Lemmy.
Mais ce n’est pas tout, la Warzone a été complètement re-designée ! Style très militaire, ou prison peu ragoutante la New Warzone est encerclée d’enceintes barbelées ponctuées de mirador. Pour y entrer, une gigantesque porte d’entrée a été construite et est surmontée d’une sorte de hache-logo-hellfest imposante. Folie des grandeurs, mais on adore ça !
La Warzone, c’est la scène qui monte !
Concerts : notre flop Hellfest 2016
Car oui, si on va au Hellfest c’est surtout pour écouter de la musique live. Avec un peu moins de 200 groupes, autant vous dire qu’on a pas tout vu. Pire, on a quasiment rien vu… concrètement, si on a fait 10% de la programmation c’est un miracle tellement il y en a partout !!! S’il était une constante à citer au Hellfest, c’est bien un son excellent dans 90% des cas, malgré quelques groupes souffrant de mauvaises balances et rendant parfois l’expérience douloureuse…
Dans le tas, voici tout de même quelques unes des plus grosses déceptions de l’années, suivi de nos réels coups de cœur. Et encore une fois, le Hellfest, il y en a pour tous les goûts, donc ne soyez pas fâchés si vous n’êtes pas d’accord. ET puis si vous n’êtes pas contents, on vous balance dans une cage avec des représentants des « Amis du Collectif pour un Festival Hellfest Respectueux de Tous » et on regarde, amusés, votre joute verbale sur le sataniste, les belettes sacrifiées au clair de lune et le mosh-pit.
Mass Hysteria
En parlant de mosh-pit, le frontman de Mass Hysteria n’hésite pas à se jeter dans le public pour jouer un morceau et profiter de la dynamique de la foule qu’il harangue à coup de propos démagogues. Oui, le metal c’est souvent trivial (on assume tout à fait !) mais quand même ! Un propos de plus et Mass Hysteria pourra se présenter aux élections régionales. La musique c’est sympa, le propos politique aussi, mais quand c’est bien mixé, quand on se nomme RATM, et qu’il y a un discours cohérent derrière. Pour ce qui est de la musique, le son n’était pas très bon non plus, dommage.
Blind Guardian
Le concert de Blind Guardian c’est un peu comme écouter un album. Mais en festival ou concert, ce qui est intéressant est la marge d’auto-interprétation que les artistes ajoutent à leurs propres morceaux. Pour Blind Guardian, c’est un peu trop statique et sans trop de mise en scène. Le metal-medieval-LOTR-fantasy aurait pourtant bien intérêt à gagner en rythme ! Car la concurrence est rude sur le créneau quand on pense à des groupes plus jeunes et moins sérieux comme Gloryhammer.
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Disturbed
ENORME attente concernant Disturbed… et le groupe n’est pas à la hauteur. Pour plusieurs raisons : premièrement, le frontman et leader David Draiman fait sa princesse sur scène. D’aucuns diront que c’est son jeu de scène mais cela ne donne pas une véritable bonne impression. Précision : faire sa princesse cela veut dire – pour nous – sembler planer au dessus de tout le monde en mode beau-gosse. Deuxièmement, niveau de la voix, cela ne semblait pas totalement juste, du moins un peu faiblard. Il y a parfois du bon à utiliser un auto-tune… Et au final, le set était un peu mou, surement lié à ce manque de mouvement sur scène.
The Offspring
Pffffiou… The Offspring pourraient largement décider de stopper leur carrière. Entre une voix totalement hors des clous (comme Ozzy), et une batterie qui ne suit pas le rythme… Le bilan est presque désastreux. Difficile d’en dire plus car nous avons simplement assisté à la moitié du show, décidant de préserver nos oreilles.
Concerts : coups de cœurs Hellfest 2016
Dans l’ordre croissant de la plus belle claque acoustique jusqu’aux belles surprises, en passant par les classiques de festivals, voici notre top Hellfest 2016 ! Encore une fois, de belles scénographies ou des concerts très animés.
Rammstein & Gojira
Les deux groupes ont largement dominé le Hellfest 2016, dans deux styles très différents. Le gros et imposant RAMMSTEIN était extrêmement attendu et il fut difficile de bien se positionner pour profiter à fond du show tout en ayant une belle visibilité sur la scène principale. Pile en face, un peu avant la régie principale, nous étions idéalement placés ! Et le concert de Rammstein était de très loin le meilleur du Hellfest. Nous étions deux : un fan inconditionnel et un grand amateur. Le bilan est sans équivoque, c’est l’un des meilleurs concerts auquel nous ayons assisté (du même niveau ou presque, on peut citer The Wall by Roger Waters au Stade de France). Mais pourquoi ? Car les allemands nous ont délivré non seulement une incroyable qualité de son mais surtout un énorme show au sens premier du terme. La pyrotechnie est bien sûr au rendez-vous, mais ce qui marque, c’est la scénographie, extrêmement chorégraphiée ! Un concert de Rammstein c’est plusieurs tableaux, à l’image d’une pièce de théâtre. Le jeu de lumière, les acteurs, les idées de mise en scène, tout y est. On notera en particulier le génial Christian Lorenz (clavier) qui marche sur un tapis roulant durant au moins une demi-heure, les changements de costumes inattendus, la ceinture d’explosifs de Till Lindemann qui marque les esprits… Au delà de toute cette imagination scénique, le groupe n’en oublie pas pour autant la musique. Les musiciens repensent beaucoup les chansons en live et sont très souvent en ré-orchestration de leurs plus grands titres. C’est souvent surprenant, mais toujours très efficace ! On en redemande, car 1h30 c’est vraiment trop peu… mais c’est le principe du festival !
Dans un style très différent, Gojira était LE groupe chouchou du Hellfest 2016. Une foule impressionnante est présente malgré un passage à 16h45 le dimanche. Les français mettent une ambiance de folie et font même chanter un « Joyeux Anniversaire » au batteur Mario Duplantier qui s’offre un Hellfest en Mainstage en cadeau. C’est un concert très énergique malgré un dernier album « Magma » beaucoup plus calme et posé que les précédents. Et le public le rend bien !
Ghost & Slayer
Slayer, les vieux habitués des festivals et les jeunes de Ghost (formation de 2008) sont notre second coup de cœur Hellfest 2016. Même si l’on ne compte plus le nombre de fois où l’on a vu Slayer en live (en fait si : Soniphère 2013, Hellfest 2014, 2015, 2016), soit une fois par an, on adore toujours autant l’esprit « sans concessions » du groupe. Malgré les années, Slayer est toujours bien présent avec autour des pilliers que sont Tom Araya & Kerry King. Bien sûr, Gary Holt et Paul Bostaph ne sont pas en reste dans cette unité Thrash metal rapide. Et même si le son n’était pas d’une aussi bonne qualité que pour 80% des autres groupes, il y a un certain plaisir à entendre les titres de Repentless joué en live. LIVE FAST! ON HIGH! REPENTLESS!
Ghost n’est pas en reste, et même si l’on ne sait toujours pas qui se cache derrière Papa Emeritus III et ses Nameless Ghouls, force est de constaté que c’est un groupe relativement jeune et qui a su construire une « sacrée » image ! La première partie du concert est peu dynamique puis le concert mute vers le dernier album et des titres moins Doom, à la limite de la pop. Leur image décalée qui moque l’Eglise ou s’en inspire directement est sujette à de nombreuses controverses, et à l’image de Slayer, fait mouche auprès des fans qui ne s’y trompent pas : on est bien dans le registre de la parodie ! Ghost B.C. est LE groupe qu’on a envie d’aimer de plus en plus car ils s’améliorent d’année en année !
Moonsorrow & Skalmold
Dans un registre tout autre, Moonsorrow et Skalmold ont donnés de très bons concerts sur la scène The Temple. Le grand mélange de genres de Moonsorrow fait bouger la foule avec un grand succès. Entre pagan et folk metal avec une touche de black metal, et une scénographie black où les membres du groupes sont tous ensanglantés, on pourrait presque se croire dans une forêt de Finlande ! C’est ultra-efficace !
De son côté, le groupe Skálmöld est un digne représentant et ambassadeur de l’Islande. De là à dire qu’ils sont venus en drakkars, il n’y a qu’un pas ! Le viking metal de ce groupe trop underrated est vraiment très agréable, alternant entre titres pagan metal calmes et hymnes plus dynamiques et épiques à la gloire de leurs ancêtres.
Foreigner
Forcément, au Hellfest, il y a toujours un groupe très calme qui soude toutes les générations présentes. Amateurs de balck metal, death, grind, punk, heavy… tous sont présents et se font des câlins sur un ZZ Top, un Deep Purple, ou bien cette année Foreigner !
Le love des années 80 dégouline de partout et offre aux festivaliers un break bien agréable au sein du plus grand festival de musiques extrêmes de France. « I want to know what love iiiiiiiiiiiiiiiiiis » scandent 40.000 personnes… Encore un syndrome de la violence du Hellfest, si longuement décriée par ses détracteurs… <3
On vous laisse en musique avec Foreigner…
Nos plus belles photos
Sinon, vous pouvez aussi très bien parcourir les albums photos de la page Facebook du Hellfest Open Air.