#Gerardmer2016 : Bilan d’un festival passionnant

Gerardmer 2016, ce n’était pas mon premier festival. Ces dernières années, j’ai eu le plaisir de découvrir plusieurs festivals de cinéma : Deauville (Cinéma Américain et Asiatique), Etrange Festival, Busan, Trouville, Clermont et même Cannes l’année dernière. Mais cette expérience à Gerardmer avait une saveur particulière : Pour la première fois, je me suis retrouvé membre d’un jury, le jury SyFy.

Notre équipe était composée de cinq blogueurs : JC de Bulles de Culture, Thomas du Blog du Cinéma, Kevin de Café Powell, Fabrice de Rockyrama et donc, moi-même. Avant d’entrer dans le vif du sujet, à savoir les films et notre délibération, je souhaite revenir sur l’ambiance du festival. Jusqu’à maintenant, mon coup de coeur allait à l’Etrange Festival, autre évènement mettant en avant le cinéma de genre. C’est un festival de passionnés, de cinéphiles, accessible au public et l’atmosphère y est un peu particulière. Et j’ai retrouvé, avec grand plaisir, une ambiance un peu similaire lors du Festival de Gerardmer. Le public est composé de nombreux fans de films de genre qui ont fait le déplacement juste pour le plaisir de découvrir des films qu’il n’auront pas forcément la possibilité de découvrir autrement.Gerardmer-700x336

Dès la première séance, on découvre que le festival a ses codes, avec des hurlements et autres sons lancés par quelques habitués lors du jingle du festival. La première fois on est surpris, les suivantes on rigole, et lorsque l’on s’approche de la fin du festival, que l’on sent que l’aventure est bientôt finie, on participe à la fête, et les cris de loup garou sont de plus en plus nombreux dans la salle. Les plus audacieux pourront même tenter de lancer leur propre son et voir s’il est repris par la suite !

Mon avis sur les films

Je vais commencer par les films Hors Compétition. Tenant à me focaliser sur la compétition et mon rôle dans le jury (10 films à voir en 5 jours), je n’ai pas trop pris le temps de voir les films hors compétitions. Je me suis quand même permis quelques plaisirs :

  • The shamer : Un film de Fantasy qui nous vient du Danemark, destiné avant tout aux adolescents. Adapté d’une saga littéraire à succès, le film, dans son genre, est plutôt réussi. Les décors sont plutôt impressionnants et l’intrigue pas trop enfantine conviendra aussi aux adultes. 2,5/5
  • Summer Camp : Un film d’horreur espagnol produit par Jaume Balaguero, forcément cela attise la curiosité. Et pour tout vous dire, après l’avoir vu, je pense qu’il avait sa place en compétition officielle. Alors oui, c’est une série B, mais elle est efficace, ne prend pas trois plombes avec sa phase d’exposition et se permet même de jouer avec les codes du film de zombie. Et si l’infection ne durait que quelques heures, qu’est ce que cela pourrait donner comme situations ? La réponse dans le film !
  • Cooties : La grosse déception. On me l’a recommandé comme un film déjanté ou des profs tapent sur des enfants transformés en zombies. Alors, oui, c’est le cas, mais c’est super mal écrit, les personnages sont caricaturaux et pour la plupart inutiles, et enfin, le “massacre final” bénéficie d’une mise en scène totalement illisible. Sans intérêt !
  • American Hero : Le film de clôture du festival met en scène l’excellent Stephen Dorff, dans le rôle d’un loser vivant à la Nouvelles Orléans et doté de super pouvoirs télékinétiques… qu’il n’exploite pas comme il le devrait. Réalisé comme un documentaire, le film est divertissant et termine le festival en beauté.

americanhero

Passons maintenant aux dix films de la compétition officielle. Tout d’abord, nous pouvons féliciter la variété des films. Du film auteurisant aux series B en passant par des films de genre plus classiques, il y en a pour tous les goûts. Dans 7 films (dont 6 américains) sur les dix films présentés, la religion joue un rôle plus ou moins important dans l’intrigue. Le diable, la culpabilité et la notion de bien et de mal se retrouvent ainsi dans plusieurs des œuvres de la compétition, un peu comme un fil rouge permettant, dans une certaine mesure, de “comparer” les films. Ci-dessous, vous trouverez mon avis, en quelques lignes, sur chacun des dix films.

Frankenstein : Le début du film est très gore et la mise en scène est assez particulière, avec des pllans assez courts et instables. C’est assez difficile de rentrer dedans. Une fois que la créature commence à explorer notre monde, le film devient plus conventionnel, tout en essayant d’être, d’une certaine manière, audacieux et ambicieux. Le résultat est souvent maladroit mais jamais ridicule.

Bone thomhawk (Grand Prix du Jury) : Un Western classique pendant 1h30, doté de dialogues efficaces et de personnages attachants. La dernière demi-heure change radicalement le ton du film et tend vers le film de genre, tout en restant solide et passionnant. Scénario, Mise en scène et jeu des acteurs font de ce film une franche réussite.
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 The witch (Prix du jury SyFy) : Un film assez difficile d’accès au début, malgré la grande beauté des images, car plutôt lent. Le film est très bavard, principalement pour nous montrer le rôle de la religion pour les personnages. Il est assez difficile d’avoir de l’empatie pour les parents et pourtant, le film fonctionne. Il devient ple en plus intense, riche complexe. Le final est d’ailleurs particulièrement réussi.
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Southbound (Prix du jury Jeunes) : Un film à sketch qui d’une certaine manière, nous rappelle un peu l’ambiance des Contes de la crypte. C’est assez délirant, les trois premiers sketchs sont plutôt intéressants, surtout celui à l’hôpital. Hélas, les deux derniers sans absolument dénoués d’intérêt et on se met clairement à attendre que la fin arrive.

The devil’s candy (Prix du public et prix de la musique) : Le film est assez bien fait, les rapports entre les personnages (surtout le père et la fille) plutôt justes. Mais le scénario est beaucoup trop facile. Le réalisateur semble constamment chercher entre second degré, humour et sérieux, sans réellement trouver d’équilibre. Le résultat s’avère maladroit voir grotesque. Dans le genre “film d’horreur à ambiance Métal”, on préfère largement le complètement assumé Deathgasm.

February : Un puzzle narratif et mental qui cherche à surprendre le spectateur et à l’embrouiller. La mise en scène est solide, le casting livre les meilleures performances que l’on a pu voir sur le festival, mais le scénario, malgré plein de belles idées et de l’ambition, souffre de certaines facilités et reste incompréhensible sur certains points. Un réalisateur à suivre tout de même.

Evolution (Prix du jury ex-aequo et Prix de la critique) : Pas le moins bon film de la sélection, c’est certain, mais clairement celui qu j’ai le moins aimé. C’est ambitieux mais prétentieux. C’est beau mais statique et gratuit. Les dialogues sont très littéraires et les acteurs pas toujours convaincants. A mes yeux, l’idée, sans plus de développement, aurait plutôt gagné à être exploité en court métrage, ou mieux en expo photo. C’est de l’art, mais l’artiste signe une oeuvre destinée à une minorité de personnes et va laisser de coté une grande partie de son public potentiel par des choix peu judicieux.

Au passage, je tiens à lâcher une petit coup de gueule contre la réalisatrice Lucile Hadzihalilovic. Avant la projection, elle est montée sur scène et a demandé au public de ne pas faire de hurlements “pour ne pas ruiner le début de son film”. Quelqu’un avait du lui faire part des codes du festival. Mais d’une, à aucun moment les hurlements ne se font au début du film mais avant, durant le jingle. Et de deux, même si la tradition du festival était d’hurler au tout début du film, si cela la dérange, elle peut choisir de ne pas présenter son film à ce festival. Certains diront que c’est simplement de la maladresse. J’ai trouvé que c’était un manque de respect total pour le public qu’elle avait en face d’elle et que c’était extrêmement prétentieux.
Lire la critique (rédigée par un autre rédacteur, un peu plus emballé par le film)

Jeruzalem (Prix du jury Ex-aequo) : Un found footage qui s’appuie sur le principe des Google Glass. C’est clairement destiné aux adolescents ou amateurs de films de genre, mais malgré quelques facilités, c’est franchement efficace, les images sont plutôt belles et offrent une belle carte postale de Jérusalem. Hélas, les 20 dernières minutes sont franchement ratées. En se basant sur son discours, il semblerait que c’est Claude Lelouch qui a tenu à remettre le prix du jury à ce film, voyant “la naissance de deux grands cinéastes”. Même si le film a des qualités, il ne révolutionne pas franchement grand chose, et dans le genre Found-footage, on a déjà vu mieux et le président du jury semble, hélas, à coté de son sujet sur ce coup.

What we become : Un film de Zombies comme on en a vu des centaines. Le film n’apporte rien au genre, les scènes ont un goût de vu et revu et que ce soit au niveau de la mise en scène, du scénario ou du jeu des acteurs, le film ne se démarque à aucun moment.

Deliberation

 Je ne vais pas rentrer dans les détails de notre délibération, mais comme nous avons généralement assez peu d’infos sur comment procède un jury, je trouve intéressant de vous partager notre expérience de délibération pour remettre le prix SyFy. Il faut savoir que nous avions déjà pas mal échangé entre nous après les différentes projections et que certaines tendances se dessinaient avant même que l’on se retrouve autour d’une table pour délibérer.
Nous avons fait un premier tour de table, citant chaque film, pour savoir si quelqu’un souhaitait le placer dans les discussions. 5 films ont survécu à ce premier tour : Bone tomahawk, The witch, Devil’s candy, February et Evolution. Nous avons brièvement parlé des 5 films avant de faire un nouveau vote.
Chacun a choisi un top 3 (le mien étant 1:The Witch 2:Bone Tomahawk 3:February)… et trois films sont restés en course : Bone tomahawk, The witch et Evolution.
Nous avons pris le temps, chacun, de donner notre point de vue sur ces trois oeuvres, et après un dernier vote, les résultats sont tombés : 4 membres du jury sur 5 ont voté The Witch et un “monton noir” a voté pour  Evolution. Nous n’avons donc pas obtenu d’unanimité mais un consensus a été quand même été trouvé assez facilement.
 Je tiens encore une fois à remercier SyFy et CanalSat pour m’avoir permis de participer au festival en tant que membre d’un Jury. C’était une nouvelle expérience très intéressante, et j’espère avoir un jour l’opportunité de recommencer !
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