Jusqu’au 4 février, Hotel Paradiso de la Familie Flöz est à l’affiche du théâtre Bobino. Une histoire sans parole mais loin d’être atone, que la compagnie berlinoise joue pour la première fois à Paris. Hotel Paradiso est une belle performance artistique, c’est aussi un récit bourré de péripéties où le paradis n’est jamais bien loin de l’enfer.
Il se passe des choses étranges à l’Hotel Paradiso, un respectable petit hôtel de famille désuet qu’une vieille dame et ses enfants tentent de maintenir en activité. Sans parole mais si expressive, c’est une comédie magistrale unique en son genre à partager en famille et entre amis.
Un hôtel est l’endroit idéal au théâtre pour multiplier les personnages, les rencontres et donc les péripéties. La scène du théâtre Bobino se transforme pour l’occasion en un superbe hall d’hôtel, un décor aussi spacieux que chaleureux, à la limite du merveilleux… L’histoire, ou plutôt les histoires sont rythmées avec une incroyable inventivité, ça déborde d’émotion, de poésie et d’humour. Les personnages se confrontent, voire s’affrontent sans cesse, et pourtant on y parle aussi d’amour : Des amours passés, présents, et peut-être même futurs.
La mise en scène est sobre, et ne cherche jamais l’effet pour l’effet. Quelques musiques supplémentaires pour souligner ici et là une situation seraient les bienvenues, mais peu importe car on ne s’ennuie pas un seul l’instant. Finalement, ce qui se trame dans ce modeste hôtel, résume parfaitement ce qui se déroule à l’échelle du monde ! A croire que l’enfer, c’est quand même un peu les autres…
Hotel Inferno
Le masque est un accessoire particulièrement intéressant, puisqu’il impose à la fois un silence, un visage figé, et donc une seule expression du moins en apparence. Privés de ces moyens de communications, les comédiens développent alors d’autres talents : En particulier celui de la narration, car l’histoire est dense et pleine de rebondissements. Le masque n’est plus une contrainte ou un obstacle, il libère en fait autant l’imagination que l’interprétation. Et tout l’enchantement du spectacle est là : Cet accessoire s’efface progressivement dans l’esprit du public, et ce dernier est rapidement persuadé de lire sur tous les visages de nouvelles émotions.
Et lorsque tombent les masques à la fin du spectacle, le public est totalement surpris de voir uniquement quatre comédiens. Pas un de plus ! C’est alors une performance supplémentaire quand on connait le nombre de personnages différents qui apparaissent sur la scène du théâtre Bobino.
Sans doute l’ultime miracle de l’Hotel Paradiso !