Critique des BD Hellfest Metal Vortex et Hellfest Metal Love de la collection Hellmoute

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Une bande dessinée sur le Hellfest ? Quoi ? Cela n’existe pas déjà ? Oui et non ! En Juin 2022 sortait le premier tome de la collecte Hellmoute : Hellfest Metal Vortex. En Juin 2023 c’est au tour de la suite avec : Hellfest Metal Love. Ces deux premiers volumes sont les piliers de la première trilogie Hellmoute.

Il existe bien sûr déjà des bandes dessinées qui parlent de l’univers Metal. Mais jamais avec un véritable partenariat et un usage de la marque Hellfest.

Alors, est-ce un pur effet de mode surfant sur un festival de plus en plus populaire et dont les places s’arrachent en quelques minutes tous les ans sans avoir même annoncé sa programmation ? Ou bien s’agit-il d’un projet artistique plus sérieux ? Réponse dans cette critique regroupant un avis sur les deux premiers tomes parus.

Toutes les images de cet article sont copyright Rouquemoute / Hellmoute / Bernstein / Hodecent / Pixel Vengeur.

Les artistes et auteurs

C’est la même équipe qui travaille sur les deux premiers albums. Le scénario est travaillé par Jorge Bernstein et Fabrice Hodecent. Le dessin est le fruit de l’imaginaire de Pixel Vengeur. Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Pourquoi font-ils cela ?

les auteurs hellmoute
De gauche à droite : Pixel Vengeur, Fabrice Hodecent, Jorge Bernstein

Jorge Bernstein, scénariste

Jorge Bernstein est musicien (Jorge Bernstein & the Pioupioufuckers) et écrivain, d’origine bretonne (Est-ce important de le préciser ? Non, mais ça ajoute des mots dans cet article). A priori, de musique et d’origine, il sait de quoi il parle (Quoi ? Le Hellfest c’est pas en Bretagne mais en Loire-Atlantique ? C’est presque pareil, c’est à l’ouest). A son actif, une collaboration récurrente avec le détonnant Fluide Glacial, dont la BD F.I.S.T Fonds Interministériel pour la Sauvegarde des Traditions, un titre qui donne envie de le lire.

Si vous voulez en savoir plus sur Jorge Bernstein, vous pouvez aller faire un tour sur son site internet. Et comble de la SSE-CLA, le monsieur à une page Wikipédia (wahou).

Fabrice Hodecent, scénariste

Fabrice Hodecent est lui “Journaliste & rédacteur en chef revue d’échecs Route 64, enseignant en Communication en université, scénariste de BD & écrivain.” selon son profil Linkedin. Fabrice n’a pas encore de page Wikipédia (bah alors ?) mais un profil chez Rouquemoute quand même. Serait-il la caution sérieuse dans ce projet ? Du moins la fibre éducative et pédagogique ? Vu le sujet, on l’espère 🙂

Vous pouvez le suivre sur Twitter.

Pixel Vengeur, dessinateur

Benoît Serrou est dessinateur / auteur de bande dessinée et travaille donc sous le doux pseudonyme de Pixel Vengeur. C’est le deuxième du trio a être doté d’une page Wikipédia (vous noterez mes recherches intensives sur internet) qui liste ses contributions et créations diverses.

Sa bio est mieux précisée chez Rouquemoutte sur son profil. Pixel Vengeur est immédiatement un nom qui m’a tapé dans l’œil et a évoqué un souvenir immédiat de lecture récente et très intelligente dans le train : un Hors Série Fluide Glacial. Certains dessins étaient de lui.

Cela fait donc deux artistes ayant contribué fréquemment avec Fluide Glacial, travaillant avec un journaliste. Je commence à m’exciter avant même la lecture, m’attendant à un certain style que j’apprécie particulièrement. Car après tout, le Hellfest c’est très sérieux mais aussi très potache.

Hellmoute : un partenariat Rouquemoute + Hellfest

Ce projet artistique a été sanctionné par l’association Hellfest Productions. (Pour les lecteurs qui ont douté quelques minutes, comme moi à l’écriture, oui, “sanctionner” c’est aussi un terme positif : “Confirmer quelque chose, lui apporter une consécration officielle ou quasi officielle“).

Hellmoute

C’est donc une réelle collaboration officielle entre les éditions Rouquemoute et le Hellfest ! Le logo HELLMOUTE est d’ailleurs créé par l’indéboulonnable illustrateur Mush de la team Hellfest.

Indéniablement un avantage de poids pour cibler le festivalier, donner une réelle visibilité au projet, et laisser le champ libre aux auteurs pour parler du festival et de ses codes sans trop de contraintes. Et avec certainement un peu de pression (en demi ou en pinte ?).

Critique du tome 1 Hellmoute : Hellfest Metal Vortex

Paru en Juin 2022, le premier Tome Hellfest Metal Vortex prend ses marques avec l’univers du Hellfest. C’est un album assez “sage” construit autour d’une idée simple et immédiatement fédératrice : faire revivre Lemmy Kilmister, l’iconique leader de Motörhead décédé en 2015. Bien que le pitch tienne sur une ligne, l’histoire m’a emmené dans des directions inattendues, laissant la place à bien d’autres choses que ce bait sur Lemmy. Ce qui est somme toute une excellente idée : traiter du légendaire bonhomme sans nous bassiner avec.

Le pitch : des suites d’une messe noire bien foirée visant à ressusciter Lemmy Kilmister, c’est l’univers du Metal entier qui s’effondre dans le monde. Pire encore, le site du Hellfest est transformé en mini-golf… Directement responsables, le trio Mike, Barbara et Loud se démène pour tenter de rétablir la situation.

Je ne dévoilerais pas plus l’histoire et ses rebondissements. Ni les différents personnages qui contribuent à faire avancer le scénario. En consultant la couverture, vous vous ferez déjà bien une idée de la belle brochette de stars qui vont débouler : Till Lindemman, Rob Halford, Ozzy Osbourne, Alice Cooper, et tant d’autres !

Une BD ancrée dans l’univers Metal

Hellfest Metal Vortex est le premier tome d’une trilogie. J’ai senti que les auteurs ont travaillé pour installer les personnages dans l’univers. Et cet univers est bien présent et marqué. La majorité de l’intrigue se déroule sur le site du Hellfest dont on retrouve les décors. Les plus grands et beaux clichés du Hard Rock et du Metal sont cités et illustrés. Je parle ici des blagues pourries, des costumes, des paroles de chansons détournées, des blagues faciles, des groupes de légende, des blagues pas drôles mais auxquelles je pouffe comme un con…

Etant un festivalier du Hellfest depuis maintenant 10 ans, je n’étais franchement pas perdu. Un néophyte le sera peut-être un peu plus, mais se rattrapera facilement en suivant l’intrigue. Car côté histoire c’est rocambolesque dans le bon sens du terme. Le scénario est dynamique, évite de s’attarder trop longtemps sur les divers sujets pour privilégier l’action. C’est simple et efficace, sans avoir à être génial.

Quand aux personnages, ils sont de parfaits clichés. Je vais être clair : c’est un album de BD humoristique, donc il est évident qu’il faut grossir les traits. Même si j’aurais préféré un peu plus de consistance, j’accepte volontiers que Barbara, Mike et Loud ne soient pas réalistes. Et d’ailleurs, je pense qu’ils sont exactement ce que nous sommes tous une fois arrivés sur le site du festival : libérés du monde extérieur. Car soyons honnêtes, on ne peut pas tous vivre, penser, être et montrer que l’on est Metal toute la journée dans nos vies privées 🙂

Une illustration qui sert bien l’histoire

Du côté illustration, Pixel Vengeur réalise un excellent travail tant sur le dessin que les choix de colorisations. Les planches sont toujours très lisibles alors qu’elles regorgent de détails. Les décors du site du Hellfest sont très fidèles. Certaines planches sont particulièrement réussies, surtout les doubles pages ou pages complètes (je pense aux numéros 13, 73, ou 85, entre autres).

Sans oublier la jolie ville de Clisson très bien illustrée (par exemple en page 63). En synthèse, Hellfest Metal Vortex est une belle réussite visuelle. Une qualité assez impressionnante pour cette production qui semble assez modeste malgré la présence du nom Hellfest.

La bande dessinée parvient à entrer très justement dans l’univers du Metal et plus précisément celui du festival. Tout en étant très caricaturaux, les auteurs savent se moquer gentiment : tout le monde ne prend pour son grade ! Gentil, sage sont les termes que je retiens pour ce premier opus. Car j’avais en tête un humour plus sale de type Fluide Glacial en lisant les bio des auteurs. Je reste convaincu que pour ce premier album, le trio aux manettes a souhaité poser son style bon enfant, fédérer une audience hétéroclite, et conserver de la dynamique sur le scénario.

Sur une power-échelle de Nanowar of Steel à Manowar, je livre une note de niveau Wind Rose pour le scénario (intéressant mais peu mieux faire), et un bon Powerwolf pour le dessin (c’est maîtrisé et ça envoi).

Hellfest Metal Vortex se déguste tel un plaisir coupable, avec un poil de nostalgie sur certaines séquences, et une réelle envie de retourner fouler les pelouses clissonnaises l’année suivante !

Critique du tome 2 Hellmoute : Hellfest Metal Love

Paru en Juin 2023, Hellfest Metal Love est la suite directe du premier tome chroniqué ci-dessus. J’y retrouve nos trois anti-héros ainsi que ce mystérieux narrateur squelette qui franchi le 4ème mur. Le même trio Bernstein-Hodecent-Pixel Vengeur remet le couvert.

Le pitch ? Mike, Barbara et Loud sont encore une fois dans la loose. Leur projet d’entreprise de développement personn’hell ne marche pas. Ils décident donc de se lancer dans la création d’un festival unique en son genre, et sur les terres sacrées du Hellfest… Peut-on transformer la Warzone en Lovezone ?

On prend les mêmes et… on ne recommence pas !

Comme pour le premier opus, je découvre une bande de pote qui galère. C’est la loose mais avec un projet en tête : créer un festival de musique tendance Amour / Love, et favoriser les rencontres. Le point de départ est identique au précédent tome. En revanche, le scénario est lui très différent. Alors que Metal Vortex présentait une aventure sous forme de quête, Metal Love ressemble plus à un enchaînement de situations cocasses et de sketchs divers.

L’intrigue globale manque de profondeur, l’ouvrage mettant en avant l’humour. Attention, cela ne vole pas haut ! Il n’y a pas une planche sans blague potache ou comique de répétition. C’est une sorte de Best (ou Worst ?) Off des jeux de mots de l’univers du Metal, du Hard Rock et même parfois uniquement de situation ou ortho-grammatical. Les auteurs semblent avoir totalement lâché la bride de la sagesse qui caractérise le premier tome. D’une certaine manière, j’y ai retrouvé beaucoup plus d’humour à la con caractérisant le genre Fluide Glacial : gratuit, brut de fonderie, sexuel, simple.

Par voie de conséquence (oulala, attention c’est sérieux comme terme), le deuxième tome de la trilogie Hellmoute est BEAUCOUP moins accessible. Et ce à plusieurs titres. Déjà, la grande majorité des blagues et situations ne parlent qu’à un fan du Hellfest. Et ensuite, c’est franchement plus Sexual que Love. Cela ne me rebute pas, évidemment (!), mais peut en décourager certains, certaines.

Un dessin qui relève le défi, et pas que

Du côté de l’homme qui tient le crayon et qui – vu son pedigree – a du kiffer illustrer cette histoire, je constate une véritable montée en puissance du dessin. Plus coloré pour le côté Love, beaucoup plus complexes dans certains montages de planches, et d’une belle précision sur les corps, Pixel Vengeur nous fait souvent oublier les lacunes et facilités scénaristiques.

Comme pour le premier tome, je retrouve avec plaisir sur des planches d’une page de superbes compositions visuelles. Cela permet de créer une rupture de qualité entre certains sketchs se déroulant souvent dans des ambiances très différentes.

Si je devais distribuer des gommettes comme à l’école, Pixel Vengeur serait gratifié de 3 pastilles vertes, et le duo Bernstein-Hodecent d’une pastille orange. Et comme cette échelle de notation très personnelle n’est pas homologuée, je vous laisse en tirer les conclusions avec un peu d’imagination.

En synthèse, Hellfest Metal Love c’est un peu comme la tartiflette du Hellfest sous 30°C, c’est gras, c’est sale, c’est franchement pas ce qu’il faudrait manger, mais on le fait quand même… et pourtant on y retourne !

J’espère bien que le troisième tome s’annoncera comme un album “entre les deux”, sachant combiner la dynamique du scénario de Metal Vortex avec la folie de Metal Love.

D’ici là, retrouvez les albums et différents packs de la collection Hellmoute sur leur site internet.

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