Analyse de Revoler des Beatles (1966)
Après un Rubber Soul mythique, les Beatles décident d’arrêter de se produire en live (ce qu’ils faisaient depuis 1960 dans un sombre club de Hambourg) pour favoriser le travail en studio. Revolver sera le premier album de ce nouveau virage des Fab Four, et restera comme un des grands albums marquants du groupe.
Le studio devient donc un repaire pour les Beatles, qui cherchent à en tirer la quintessence. Nouvelles orchestrations complexes, jeux avec les pistes… tout cela préfigurera ce qui viendra avec des groupes plus conceptuels comme les Pink Floyd (au hasard). Le studio n’est plus un lieu ou on enregistre, il devient ainsi un instrument à part entière.
Plus de maturité dans le travail studio, dans les orchestrations, mais aussi dans les textes, qui continuent à gagner en complexité. On est bien loin du « She loves you yea yea yea » qui n’est pourtant vieux que de 3 ans.
Dans les hits de cet album, on comptera Eleanor Rigby, Here, There and Everywhere, Yellow Submarine, Got to Get You Into My Life, sans compter quelques pépites comme I’m Only Sleeping, She Said She Said, I Want To Tell You, Good Day Sunshine ou la superbe ballade For No One… La clôture par le totalement déjanté Tomorrow Never Knows préfigure clairement le virage psychédélique que vont prendre Paul, John, Georges et Ringo.
Un album charnière dans l’univers des petits gars de Liverpool…et dans l’histoire du rock. Il restera le plus grand album du groupe jusqu’au suivant, un certain Sgt. Pepper…
Explication de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles (1967)
Est-ce encore la peine de présenter celui qui est quasiment unanimement reconnu comme le plus grand album de tous les temps ?
En sortant de Revolver et sa richesse, on pouvait honnêtement se demander comment on pouvait aller plus haut. Les orchestrations étaient déjà folles, les expérimentations et les textes tout autant dans l’album de 1966. A moins d’exploser tout cela dans un concept album quasiment hallucinatoire, variant les genres, explorant sans limites.
Parfois trip halluciné (Being for the Benefit of Mr. Kite !, Lucy in the Sky With Diamonds), parfois Beatlesien au possible (With a Little Help From My Friends qui reviendra sur le devant de la scène par l’interprétation de Joe Cocker à Woodstock), Sgt. Pepper est, à l’image de sa pochette, un patchwork.
Patchwork d’essais pour les Beatles, mais vu dans le rétroviseur du XXIe siècle, c’est un peu un patchwork des inspirations de tout les genres à venir du rock. Si Getting Better est une perle pop, A Day in a Life préfigure l’avenir de ce que l’on appellera le rock progressif. Et que dire du Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band de la face B si ce n’est que ces solos de guitare électriques ouvrent une porte béante au hard rock, puis au heavy metal. Sans compter évidemment la world music avec Within You Without You.
Ce qui semble être le plus surprenant, c’est qu’aucune chanson ne ressort de cet album. Elles doivent être prises comme un tout. Tout comme une photo de célébrité qui compose la pochette n’est rien sans les autres.
Un mythe, ni plus, ni moins.